
Brad Hopkins (basse), Derrick Murphy (batterie) et Chris Tait (chant, guitare), de Chalk Circle. Comme dans le bon vieux temps. Photo courtoisie.
Dans la vie, il y a parfois des petits cadeaux inattendus. Le retour sur les planches montréalaises de Chalk Circle, plus de vingt ans après son démembrement, en était un. Soirée de pure et bonne nostalgie au Corona, samedi, où tout le monde a vécu son retour vers le futur.
Par Philippe Rezzonico
On le ressentait déjà dans le pub adjacent au club, où plein de spectateurs ont fait un détour avant la performance du groupe canadien : ça allait être une soirée ponctuée de plaisirs coupables. Coupable de célébrer un groupe que l’on croyait disparu qui nous a offert de bonnes chansons durant les années 1980. Coupable d’avoir le goût de faire la fête en ce samedi frisquet de novembre.
Ce que peut de gens savent, c’est que Chalk Circle n’était pas en tournée. Il s’agissait d’un show unique dans la foulée des retrouvailles de Chris Tait, Brad Hopkins et Derrick Murphy survenues plus tôt cette année dans le cadre des Junos. Ça ne pouvait être plus sympathique et décontracté que ça.
A preuve, on a pris quelques instants pour jaser avec Tait quand il a franchi la porte principale du Corona, comme l’ont fait tous les spectateurs, alors qu’officiaient les groupes qui assuraient la première partie. Toujours cool, le monsieur.
S’il porte maintenant des lunettes et qu’il a perdu sa crinière de jeunesse, Tait a conservé sa voix au timbre si particulier, constat mesuré des les premières mesures de Big White Clouds. N’eussent été les tenues vestimentaires, on aurait pu se croire réellement dans les années 1980 : le charme antique du Corona, une foule à majorité anglophone, la bière qui coulait à flots et des chansons qui ont joué à CHOM à satiété. Même le prix du billet était rétro : 20 $ en prévente, 25 $ si tu l’achetais à la porte.
Revivre sa jeunesse
Le réel plaisir coupable, c’était toutefois d’entendre les spectateurs qui revivaient leur adolescence. Chaque fois que le groupe amorçait une nouvelle chanson, on entendait les «Ahhhh !!!» d’approbation. Ça pouvait s’interpréter comme «C’était ma toune !» ou «Oui… On l’avait oubliée celle-là !»
Au plan vocal et musical, on avait juste à fermer les yeux pour croire que nous étions dans le Spectrum il y a plus de 20 ans tant les livraisons étaient similaires aux versions d’antan. This Mourning a conservé toute sa fougue avec la ligne de basse pesante de Hopkins, The Great Lake n’a pas perdu une once de sa mélodie, My Artificial Sweetner a conservé sa part de mystère et Hands est toujours aussi accrocheuse.
Petites variantes pour Me Myself & I dans la forme, mais là, la voix de Tait était un copier-coller du passé. Formidable. Autant que l’excellente April Fool dont le tempo était quelque peu accéléré en regard de l’originale. N.I.M.B.Y. a été la plus retravaillée, à savoir moins axée sur les percussions qu’auparavant. La reprise émérite de T. Rex, 20th Century Boy, a bouclé la boucle avec une belle efficacité. Fort.
Tait nous expliquait en début de semaine que le groupe avait dû rien de moins que réapprendre certaines chansons. Ça explique certaines omissions du catalogue et le fait qu’une spectatrice s’est pointée sur scène avec le band au rappel, histoire de tenir la feuille sur laquelle étaient écrites les paroles de Moonage Daydream, de Bowie, que Tait a fort bien interprétée.
Et maintenant ? Y aura-t-il une suite ? Un nouveau disque ? Tait disait l’ignorer, mais si vous allez à chalkcircle.ca, on y apprend qu’un site web officiel sera mis sur pied sous peu. On a l’impression que le retour vers le futur ne fait que commencer.