Daniel Bélanger, Chic de ville : un maître et ses chiens affamés

Regardez ce chien. Pas commode, à vue d’œil, n’est-ce pas? C’est ce qu’on pourrait nommer un Howlin’ Hound Dog, variante du Hound Dog d’Elvis, qui était représenté par un basset ou un lévrier, mais pas par un bouledogue

Par Philippe Rezzonico

Ce chien a toute son importance, car on aurait pu inscrire le nom des Howlin’ Hound Dogs sur la pochette tant ce disque – sans rien enlever à l’ami Daniel – est probablement autant le leur que le sien.

Vous ne connaissez pas les Howlin’ Hound Dogs? O.K. Explications. Michel Dagenais, guitariste extraordinaire, ex-Jean Leloup première période et coréalisateur de Chic de ville, est le guitariste des Howlin’ Hound Dogs, groupe de rockabily légendaire – si, si, j’insiste – de Montréal.

Depuis quand? Je ne me souviens plus, sinon que la première fois que je les ai vus jouer, c’était en 1993 au sous-sol de l’église Immaculée-Conception durant le 5e Rockabilly Jam fondé par Nathalie Lavergne, l’ancêtre de l’actuel Red Hot & Blue Rockabilly Week-end qui a amené dans la métropole les Billy Lee Riley, Wanda Jackson, Johnny Powers et autres Huelyn Duvall.

C’est Dagenais qui a présenté à Bélanger le batteur Ben Caissie et le contrebassiste Richard Gélineau. La chimie a tellement opéré que le guitariste et chanteur des HHD, Noël Thibault, s’est lui aussi retrouvé sur le disque.

C’est, à mes yeux, le grand coup de Bélanger. Album country, ai-je entendu? En partie, il est vrai. Mais quitte à remonter aux sources, Bélanger a plongé à celles de Sun Records et ses dérivés d’époque pour nous offrir un disque épique qui va rallier les férus de cette période, mais peut-être pas ses admirateurs habituels.

L’écurie Sun

Country, western swing, rockabily et même du jungle beat. À travers les compositions qui défilent dans mon lecteur sans cesse depuis dix jours, j’entends la rythmique de Get Rhythm’ de Cash, la pulsion de Mystery Train d’Elvis, mais aussi les influences de Warren Smith, Charlie Feathers et  les structures atypiques de chansons de Wanda Jackson alors qu’elle était à cheval en le country et le rock n’ roll naissant, comme Bélanger est constamment en selle entre deux genres sur ce disque.

Nous avons parfois de somptueuses cordes qui nous ramènent aux chansons de Patsy Cline et des guitares qui évoquent une demi-douzaine de guitaristes et d’influences du passé.

Le plus beau, c’est qu’à la première écoute, on se dit qu’on écoute un disque moins hargneux que la pochette ne l’indique. C’est un leurre. Il y a, disséminés partout dans des ponts musicaux et des finales étirées, des tas de riffs qui ne demandent qu’à exploser sur scène. On a hâte.

Daniel Bélanger (et les Howlin’ Hound Dogs), Chic de ville (Audiogram)

4 étoiles