
Daran, que l'on voit lors des FrancoFolies, fait sa rentrée montréalaise jeudi, au Rialto.. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz-Lamich.
Daran, le néo-québécois, fera la rentrée montréalaise de son album L’homme dont les bras sont des branches, jeudi soir, au Rialto. Bien plus que sa première rentrée depuis qu’il est officiellement citoyen du Québec, l’événement est à bien des égards un lien en continu. Le fil rouge qui relie son œuvre passée et présente depuis ses débuts.
Par Philippe Rezzonico
Il ne s’attendait probablement pas à ça, l’ami Daran, quand il a une fois de plus traversé l’Atlantique il y a deux ans, cette fois pour s’établir pour de bon au Québec. Je fais allusion ici au climat social, d’ordinaire placide, qui prévaut – ou plutôt prévalait – chez nous en regard de que l’on voit dans l’Hexagone.
On connaît la récente histoire : le printemps érable a transformé la métropole québécoise en succursale de Paris. Par moments, le Québec avait des similitudes avec Mai 68. Pour un Français, on était soudainement loin du dépaysement.
« J’ai observé le conflit avec intérêt, mais j’ai gardé mon point de vue d’observateur, parce qu’il n’y a pas longtemps que je suis établi ici, dit-il. Je ne pense pas qu’on puisse vraiment comparer ici et là-bas, mais les Québécois ont abordé ce conflit intelligence. J’ai noté beaucoup d’humour et d’inventivité.
« Par contre, c’était très curieux de voir à quel point la perspective était différente sur les deux rives. Lors de la dernière grande manifestation du « 22 », on lisait dans certains médias québécois que le mouvement « s’essoufflait », alors qu’on parlait plus que jamais des manifs dans les médias français. »
Homme et coeur et de mots
Les notions sociales, la vie, le quotidien d’ici ou d’ailleurs, Daran connaît ça. Il suffit de scruter l’œuvre de l’artiste depuis ses débuts avec Daran et les chaises, il y a longtemps de ça. La chanson Dormir dehors, qui remonte déjà à 1995 – ça ne nous rajeunit pas – et le disque Le petit peuple du bitume (2007) en font foi.
Les compositions de L’homme dont les bras sont des branches parlent aussi de ce que la vie nous réserve (Une caresse une claque), de craintes (Pas peur) et des gens de toutes sortes (Merci qui).
« Il y a un fil rouge qui lie tout ça, explique Daran. Une unité de pensée qui lie passablement tout ce que j’ai fait depuis le début, sans que je m’évertue à reproduire Dormir dehors. On dit parfois que je fais des virages à 90 degrés d’un album à l’autre, mais on peut trouver un fil directeur à travers mes disques. »
Évolution et continuité, donc, comme pourront le constater ceux qui ont vu les nouvelles chansons prendre vie sur les scènes du Québec depuis un an et demie.
« Avec plus de 50 concerts présentés au Québec, le spectacle est rodé. On a même ramené des vielles chansons des autres albums. Ça s’annonce comme une belle soirée, cette rentrée. »
D’autant plus qu’il risque d’y avoir des rencontres, à savoir, des copains qui prendront part au spectacle dans la salle restaurée de l’Avenue du Parc. Mais chuuutttt! Il ne faut pas le dire.
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Daran au Rialto, le 13 septembre. Première partie : Paule Magnan.