
Après des années d'attente, Éric Goulet délaisse un temps son groupe Les Chiens pour plonger dans l'univers country. Photo d'archives. Courtoisie Alain Décarie.
On a vu passer le message sur la page Facebook, le 17 août: « Premier jour de studio : cinq chansons en boîte, non mais quelle équipe !» Et un autre le lendemain : «Bon, eh bien… sept chansons aujourd’hui, plus que trois à faire demain ; ça passe trop vite… Que de plaisir !»
Par Philippe Rezzonico
La page Facebook en question était celle d’Éric Goulet. Quand même merveilleux, Facebook… Près de trois mois avant la parution de l’album Éric Goulet, Volume 1, on savait déjà que l’enregistrement de l’album country du principal intéressé s’était déroulé de façon efficace dans un climat de bonne humeur.
En toute franchise, ça s’entend à l’écoute du disque qui sera officiellement lancé au Monument-National, lundi, dans le cadre du Coup de cœur francophone. Pas de surenchère au plan de la production, un festin de guitares sèches et de pedal steel, ainsi que des mélodies accrocheuses qui mènent à un disque qui se savoure comme un plaisir coupable.
Ça fait longtemps qu’il roule sa bosse, Éric. On l’a connu en tant que leader de Possession Simple dans un autre siècle, lui qui est également chef de meute chez Les Chiens et Monsieur Mono dans une vie parallèle. Ça, c’est sans compter ses réalisations d’albums et son talent d’auteur-compositeur qu’il met au service des autres.
Ce n’est donc pas banal de le voir lancer le premier disque de sa carrière (après 25 ans) avec son nom propre inscrit sur la pochette. Il n’est visiblement pas trop habitué à la chose, puisqu’il a trouvé le moyen d’afficher une tête de cheval et les titres des chansons sur le recto du compact, façon old school.
«J’ai décidé de jouer le jeu à fond, note celui pour qui cette musique de racines a toujours été dans l’environnement immédiat. Et on s’est fait drôlement plaisir avec les guitares. Je ne voulais pas faire un disque de puristes. Je voulais un disque accessible, pour tout le monde, où l’on allait ressentir le plaisir et la spontanéité.»
Retourner aux racines
En quelque vingt ans de fréquentation professionnelle, on avait déjà causé Elvis (période Sun à saveur country) avec Goulet, mais on ne peut dire que le country est l’influence la plus perceptible sur ses albums. Comme il le précise lui-même, un peu dans les premiers temps de Possession Simple, oui. Et un peu plus avec son personnage de Monsieur Mono, en effet. Mais pas trop.
En fait, c’est avec la réalisation d’albums pour des collègues ou l’écriture de chansons comme celle composée pour Renée Martel que ses racines country sont audibles. Parce que du rock alternatif des Chiens jusqu’au spleen de Monsieur Mono, rarement la musique de Goulet aura été aussi joyeuse. Comme s’il était passé de l’ombre à la lumière.
«Dans le contexte d’un band, le partage d’influences n’est pas toujours évident, dit-il. C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, mais l’occasion ne s’était pas présentée. Écoute, il y a tellement de genres de musiques qui me passionnent, que je pourrais faire un disque thématique différent chaque année (petit rire). »

Fou de musique, Éric Goulet pourrait pencher sur des albums thématiques tout le temps. Photo d'Archives. Courtoisie Pascal Ratthé.
Éric Goulet, Volume 1 est donc un amalgame de compostions originales et de reprises de l’idiome. Quoiqu’il y a des reprises bien particulières, à savoir des reprises… d’Éric Goulet. L’auteur-compositeur a profité de ce projet pour graver lui-même Chacun dans son espace, Mauvaise vie et Danse avec moi, des titres de son cru qui ont été respectivement popularisés par Vallières, WD-40 et Renée Martel.
«Je savais très bien ce que je voulais faire. Ça explique probablement le court délai d’enregistrement. J’avais mon axe de départ. Je voulais reprendre des classiques, reprendre des chansons que j’avais composées pour d’autres et aussi proposer du matériel original. Sinon, ça aurait été uniquement un disque de reprises.»
De son propre aveu, la composition de nouvelles chansons dans cette enveloppe country s’est avérée plutôt aisée en raison des codes qui existent dans ce genre populaire.
«Les canevas sont connus. Sur ce plan, c’est plus simple. On suit la trail qui existe. C’est moins de la création absolue, comme je le fais avec mes autres projets. Il faut s’abandonner au genre pour qu’il conserve son authenticité. Le son, le rythme, les arrangements, tout ça peut changer, mais l’écriture n’est pas si différente.
«C’était plaisant de reprendre mes chansons parues dans un autre contexte. Pour chacun dans son espace, j’ai pensé changer de tonalité, mais je ne l’ai pas fait. Par contre j’ai poussé les arrangements vers un son plus country, là où Vincent ne serait pas allé. Il faut quand même se souvenir que c’est moi qui ai créé la chanson. Elle était déjà faite pour moi.»
Ce qui semble aussi être le cas des reprises de Stephen Faulkner (L’hôtel des cœurs brisés), de Joe Dassin (Salut les amoureux) ainsi que de sa relecture de L’âme à la tendresse (Pauline Julien) qu’il partage magnifiquement avec Mara Tremblay.
– Tu disais pouvoir faire des disques thématiques différents. Pas disco, quand même ?
« Pourquoi pas ? J’aime ça faire danser les gens.»
– Avec un suit en spandex fluo ?
« Non. »
Nous voilà rassurés. Éric Goulet, Volume 2 sera country, lui aussi.