FIJM 2014 : Diana Ross, la vraie reine

Diana Ross. Photo courtoisie FIJM.

Diana Ross, la diva, parfois, elle fait suer. Elle a refusé toutes les demandes d’entrevues avant son arrivée à Montréal, a refusé de faire un point de presse, a refusé qu’on lui remette le prix Ella-Fitzgerald sur scène et elle a finalement refusé l’accès aux photographes et caméramans, jeudi soir, pour le premier de ses deux spectacles lors du 35e Festival international de jazz de Montréal.

Par Philippe Rezzonico

Mais Diana Ross, la chanteuse, icône de la culture pop et super vedette depuis 50 ans, elle est encore phénoménale. Elle n’a pas surtout pas oublié l’essentiel : le spectacle et ses fans. Chansons de légende et monuments étaient au programme de sa prestation qui fut l’un des meilleurs survols rétrospectifs jamais vu de la vie du chroniqueur.

Vous en voulez des succès? Difficile d’en insérer plus dans un concert de 80 minutes. Pas moins de 13 tubes # 1 qui ont grimpé au sommet des palmarès Pop, R&B ou Dance un jour ou l’autre. Des succès de Diana du temps des Supremes, de sa période solo, de sa période disco et même de ses passages au cinéma.

J’avais beau avoir vu le spectacle à New York il y a deux semaines, je n’avais pas fait le décompte précis. Et tenez compte que des chansons comme I’m Coming Out – hymne de la communauté gaie – et My World is Empty Without You n’ont pas été # 1. Ce ne sont pourtant pas des succès de deuxième ordre…

Non seulement les spectateurs ont entendu ce qu’ils voulaient entendre, mais la qualité de la livraison était ex-cep-tion-nel-le. Le segment « Motown » était farci de chansons que toutes les générations présentes dans la salle connaissaient. My World is Empty Without You, rythmée et enivrante; Where Did Our Love Go et son tempo qui force à se dandiner; Baby Love et sa mélodie sensuelle; Stop! In the Name of Love et son refrain fédérateur (qu’est-ce que ça chantait!) et l’explosive You Can’t Hurry Love, lancée à 100 milles à l’heure qui a obligé les spectateurs à retrouver la position debout.

Non, nous n’étions pas dans le Madison Square Garden où TOUT LE MONDE est demeuré debout durant TOUT le segment Motown. Et durant 70 des 80 minutes du spectacle, d’ailleurs. À rien n’y comprendre…

Heureusement, ça n’a pas chagriné Diana Ross qui a quand même pris soin d’aller plus souvent sur le côté droit de la scène (notre gauche), pour faire face à une poignée d’irréductibles qui dansaient, tout comme des dizaines et des dizaines d’autres spectateurs qui avaient inondé les flancs de Wilfrid-Pelletier. Et de boucler avec une puissante Love Child, prélude au premier de ses quatre changements de robes aux couleurs spectaculaires.

Pour être honnête, Madame Ross avait encore une voix supérieure à ce que l’on avait entendu il y a deux semaines. Le timbre familier est toujours présent, les inflexions vocales sont à la même place et l’éclat n’a guère été affecté par le passage des ans.

Quant au 12 musiciens, soudés au possible, ils ont irradié la salle Wilfrid-Pelletier avec des solos de cuivres brulants, des rythmiques endiablées et un raffinement total quand est venu le temps de tempérer. La livraison de Don’t Explain (tirée du film hommage à Billie Holiday Lady Sings the Blues), la touchante Touch Me In the Morning et la sublime The Look of Love, popularisée par Dusty Springfield – et non pas Diana Krall -, étaient ravissantes et exquises.

Et Diana Ross avait tant d’autres munitions pour, cette fois, mettre la grande Wilfrid sens dessus dessous : Upside Down, Love Hangover, Take Me Higher et Ease On Down the Road (ces trois dernières liées en pot-pourri), The Boss, Why Do Fools Fall In Love, chantée par Frankie Lymon et ses Teenagers dans les années 1950, et le doublé coup de poing formé de Do You Know Where You Going To et Ain’t No Mountain High Enough. Si tu ne ressens pas une décharge électrique de 100 000 volts dans les reins à ce moment, tu n’es pas humain.

Et même I Will Survive, de Gloria Gaynor pour conclure, livrée à la façon revue James Brown, avec musiciens et choristes à l’avant-scène auquel a pris part Rhonda Ross, qui avait livré une excellente première partie avec ses compositions pop-R&B et une version bilingue de Killing My Sotfly. La classe et le talent sont une affaire familiale chez les Ross.

Seul différence avec le show du MSG, la fausse sortie durant I Will Survive nous a privés de Reach Out and Touch (Somebody’s Hand). Quoique rien n’indique qu’elle avait prévu de la chanter jeudi soir. Peut-être vendredi, lors du deuxième concert.

En terminant, message à la reine du Soul, Aretha Franklin : si vous êtes toujours à Montréal vendredi soir, allez voir le spectacle de la reine de Motown, Diana Ross. C’est comme cela qu’il faut faire.