FIJM, jour 6: Strunz & Farah: la magie de l’Ailleurs opère au Club Soda

Strunz & Farah ont surtout interprété des pièces de leur dernier opus, Journey Around the Sun. Photo courtoisie FIJM

À leur sixième passage au Festival international de jazz de Montréal (dixit Jorge Strunz), le groupe Strunz & Farah a fait étalage de son immense talent sans tomber dans les excès d’une virtuosité vaine.

Par François Vézina

Jorge Strunz est du Costa-Rica; son complice Ardeshir Farah a grandi en Iran. Il est naturel que leur musique soit empreinte d’influences arabes et carabéennes. Et parce qu’ils sont guitaristes, il est aussi naturel qu’ils y ajoutent une teinte de flamenco et de musique gitane.

Accompagnés de trois autres musiciens, les deux guitaristes ont su éviter, au cours de ce spectacle présenté au Club Soda, les pièges qui se tendaient devant eux: la virtuosité vaine et les clichés de carte postale.

Devant un public conquis d’avance, le groupe a surtout interprété des pièces de son dernier opus, Journey Around the Sun, les autres étant pigées dans le reste de leur riche répertoire.

Malgré leurs influences provenant de régions généralement ensoleillées, la musique de Strunz & Farah n’est pas que rayonnante. Ce concert en fut la preuve. À maintes reprises, le jeu des deux comparses a été marqué d’une certaine gravité empreinte d’une grande beauté, notamment pendant Paritos.

Et c’est le paradoxe du concert: malgré l’enracinement de la musique dans les traditions arabo-espano-carabéennes, les pièces embarquent l’auditeur vers l’Ailleurs, un monde inconnu, là où la magie peut facilement opérer.

Instant magique comme Raggle Taggle où le sens de la nuance des musiciens nous permet d’admirer les moments plus incisifs de la pièce.

Instant magique comme cet étrange solo pendant Jamilah où les deux guitaristes se livrent un duel en utilisant leur instrument comme des percussions.

Instant magique que ces nombreux chassés-croisés réussis entre Strunz ou Farah et la violoniste Leah Zeger.

Instant magique que cette version de Bola où les guitares, un peu mystérieuses, entament le débat en laissant défiler une question, et nous amènent jusqu’à la conclusion endiablée, celle qui nous donne la réponse.

Et cette réponse ? C’était un concert fort réussi.