Anna Chédid, alias Nach. Photo Margaux Shore

Il y a des tas d’artistes que nous connaissons essentiellement par l’entremise de leurs noms de scène: Prince, Elton John, Stromae, etc. En France, l’une des plus grosses vedettes musicales des 20 dernières années est – M -, de son vrai nom, Matthieu Chédid. Cette année, les FrancoFolies accueillent aussi sa sœur Anna. Et deux fois plutôt qu’une.

Par Philippe Rezzonico

Comme son grand frère Matthieu et son autre frère Joseph (Selim), Anna Chédid a un pseudonyme, Nach, une appellation qui regroupe les deux dernières lettres de son prénom et les deux premières de son nom.

La jeune chanteuse, auteure et musicienne sera à l’affiche dans des contextes différents lors des Francos.

Samedi soir, elle sera avec ses frères et son père Louis Chédid à la salle Wilfrid-Pelletier pour le seul passage au Québec de la virée familiale qui parcourt l’Europe depuis des mois. On note que le spectacle est annoncé comme celui de « Louis, Matthieu, Joseph & Anna en concert ».

À l’inverse, c’est Nach qui sera en prestation deux jours plus tard (le lundi 15), en fin d’après-midi, sur la scène extérieure du pub installé à l’intersection des rues De Bleury et Sainte-Catherine. Forcément, Anna et Nach sont la même personne. Mais encore …

« Anna, c’est moi dans la vie, dit-elle tout de go, lorsque jointe à Paris au sortir d’une bouche de métro. Nach, c’est moi sur scène. »

La ligne de démarcation semble évidente pour l’artiste. Mais est-ce si clair? Prenons le cas de son frangin, Matthieu. Au début des années 2000, ses spectacles explosifs au Spectrum, sur le bitume du centre-ville de Montréal ou au Métropolis ne laissaient place qu’à – M -, le personnage flamboyant à la chevelure ultra gominée en pointes, costumes éclatants et solos de guitare incendiaires à l’appui.

Il aura fallu attendre plusieurs années avant de voir Matthieu apparaitre sur scène, notamment lors de ce spectacle à La Tulipe, en 2009, où Anna et Joseph accompagnaient déjà leur aîné, peut-être un signe précurseur de la tournée qui fait escale au Québec cette semaine. Ce soir-là il y a six ans, on a eu l’impression que Matthieu voulait graduellement laisser au vestiaire le personnage qui l’avait rendu célèbre. Mais la transformation, sans l’ombre d’un doute, fut graduelle.

La benjamine des Chédid peut-elle donc être aussi nettement Anna et Nach… en l’espace de 48 heures?

« C’est une bonne comparaison, dit-elle, quand on lui présente la chose ainsi. Plus on construit un personnage scénique, plus on le devient avec le temps. C’est normal. Mais il est vrai que tout se confond. »

Ce n’est pas d’hier que la jeune femme baigne dans la culture musicale, ne fut-ce qu’en raison de la carrière d’artiste de son père et son grand frère.

« Ça fait bien dix ans que je compose, mais la tournée avec Matthieu il y a plusieurs années a été la meilleure école qui soit. Oui, j’avais fait du chant plus jeune, oui, j’avais touché le jazz, mais cela m’a permis de faire mon éducation musicale et d’évoluer. »

Ceux qui ont écouté les chansons pop de très bonne tenue de l’album Nach savent déjà qu’Anna Chédid possède une voix largement supérieure à la moyenne de ce qui provient de l’Hexagone où la notion de chanteuse avec filet de voix a longtemps été la norme.

« Par rapport à ce que l’on entend au Québec, en effet, rigole-t-elle. Tout part de là. Du chant. Je joue du piano et un peu de batterie, mais mon mode d’expression, c’est le chant qui amène le rythme et les mélodies. La voix est un instrument. »

Joseph, Louis, Anna et Matthieu Chédid. Photo JB Mondino

Donc, Anna joue avec Louis, Matthieu et Joseph samedi, mais qui joue avec elle lundi? Ses frères?

« Non. Je suis très indépendante, dit-elle fermement. Nach, c’est moi. C’est mon truc dans mon coin. C’est ma façon d’exister. »

Qui ne nuit aucunement à la convivialité que l’on ressent au sein de la cellule familiale.

« Si nous avions trop d’égo, ça ne pourrait pas se faire. Mais c’est sain. On s’aime beaucoup. Il n’y a pas de business entre nous. Même si Louis et Matthieu sont beaucoup plus connus, nous sommes tous égaux dans le spectacle. On joue un nombre équivalent de chansons de Louis, de Matthieu, de Joseph et de moi-même. »

Quand on est la petite dernière de cordée dans une famille, on a parfois le rôle du chouchou… ou du mouton noir. Comment voit-elle les autres membres de la tribu?

« Louis, c’est la sagesse. Matthieu, c’est l’énergie. Joseph, c’est la poésie. Et moi, je suis la féminité. C’est moi qui ai le beau rôle. »

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Louis, Matthieu Joseph et Anna Chédid en concert, à la salle Wilfrid-Pelletier, le samedi 13 juin, 20 heures.

Nach, au Pub Rickard, le lundi 15 juin, 17 heures.