Il joue de la guitare…comme un dieu

Steve Hill et ses musiciens ont mis L'Astral sans dessus dessous, jeudi soir. Photo courtoisie.

Rock, Rock n’ Roll, hard rock, heavy rock, blues rock, boogie, shuffle… Peu importe. Quand vient le temps de transcender les genres pour lesquels la guitare demeure l’instrument de prédilection, Steve Hill demeure le « guitar hero » québécois de sa génération.

Par Philippe Rezzonico

L’exceptionnel guitariste a montré toutes les facettes de son jeu, jeudi, quand il est venu présenter les chansons de son plus récent compact, Whiplash Love, à L’Astral.

Comme je n’avais pas encore écouté ledit disque, je me suis dit pendant un instant qu’on allait avoir droit à un show plus modéré que d’ordinaire. L’ami Steve a tellement évolué depuis son premier disque que c’était bien possible. Blues pour Steve Hill, presque rockabilly pour Call it What You Will, très lourd pour Devil at My Heels, etc. Mais cette fois, c’est tout simplement la configuration tables et chaises qui m’a induit en erreur.

Non, ça n’allait pas être un spectacle pépère. It Ain’t Cool et Goodbye Sunshine, deux petites nouvelles, ont donné le ton d’emblée : ça allait être mordant, rythmé et pesant. Hormis Cold Hearts, la « première chanson qui a joué à la radio à mon sixième album », Hill et ses copains n’ont pas ménagé la gomme durant la première demi-heure : il fallait voir Steve et son guitariste Richard Boisvert, se payer des solos incisifs, dos à dos, durant Little Girl, très Chuck Berry de facture.

Mais il manquait un ingrédient essentiel. Pour avoir vu Hill incendier L’Astral il y a deux ans, lors du lancement de The Damage Done, c’était évident qu’il y avait un problème. Et Steve l’a bien senti. Avant Only Daddy That’ll Walk the Line, Steve a invité certains de ses fans en les nommant par leur prénom à s’installer au devant de la scène. Une quinzaine ont suivi la consigne. Et là, le dieu du manche a sorti le grand jeu…

A fond la caisse

Pendant l’heure et demie qui a suivi – et en dépit de l’entracte – l’énergie n’a jamais baissé d’un iota. Avec ses Gibson et ses Strat, Hill a servi des solos inspirés, a joué en regardant ses fans dans les yeux, a joué les yeux fermés, debout, et à genoux avec le manche pointé vers le ciel : la totale.

Offrande dense et intense de Judgment Day, long solo complètement déjanté pour Feeling Good qui a clôt la première partie, riffs bétonnés pour NASA Made, leçon d’histoire de Robert Johnson avant de livrer une Up Jumped the Devil que n’aurait pas renié Jimmy Page : Steve et ses musiciens étaient en feu.

Ça ne l’a pas empêché de nous livrer quelques chansons sans l’aide de son band, titres qui seront sur son prochain disque solo à paraître en mars. Il y avait déjà quelques exemplaires à vendre sur place, d’ailleurs… Hill en solo, ça ne veut pas nécessairement dire acoustique. Love Got Us Blind et I Want You To Love Me étaient livrées avec des six cordes électriques. Mean. Seule exception, Out of Phase, joué à la sèche.

Hill avait encore assez de bombes pour virer L’Astral sans dessus dessous. En fait, avec la foule qui dansait entre les tables, bière à la main, on va droit à une ambiance de vieux club (le Spectrum ?) ou de taverne des années 1970. Remarquez, avec les cheveux longs et les barbes rétro de Hill, Boisvert, Rock Laroche, Sam Harrisson et Dimitri Lebel, on pouvait se croire en 1975.

C’était tout à fait indiqué quand le groupe a mis fin à cette soirée pétaradante avec une version atomique de Won’t Get Fooled Again. Pas de piano ? Pas besoin. Hill s’est servi de sa guitare pour remplacer les claviers de Roger Daltrey, a hurlé le cri primal avec autant de force, et il s’est offert les moulinets patentés par Pete Townshend en chemin. Une finale du tonnerre.