Iron Man 3: Quand la formule prend le dessus sur la BD

Iron Man et Tony Stark dans Iron Man 3. Photo courtoisie Disney/Marvel Studios.

Divertissant, Iron Man 3? Assurément. Percutants, les effets spéciaux? À la hauteur de ce qu’on s’attend d’un blockbuster hollywoodien de ce genre. Réussi? Nettement supérieur à son prédécesseur, pouvons-nous statuer.

Par Philippe Rezzonico

Ces constats sont une évidence si l’on base notre critique uniquement sur les aspects cinématographiques du long-métrage. En revanche, ce troisième volet des aventures de l’homme de fer nous donne quelques indications sur la voie que Marvel entend suivre dans ce qu’elle désigne comme étant sa «Phase deux ».

Tous les personnages centraux étant bien installés dans leurs franchises respectives (Iron Man, Thor, Captain America, Avengers), les nouveaux films de Marvel peuvent entrer dans le vif du sujet.

On retrouve donc un Tony Stark (Robert Downey jr.) angoissé par le souvenir d’être passé tout près de la mort à New York dans The Avengers. Désormais insomniaque, il bricole ses armures au point d’en oublier sa secrétaire Pepper Potts (Gwyneth Paltrow), l’élue de son cœur.

Stark va inciter un terroriste nommé le Mandarin (Ben Kingsley) à répondre de ses actes après qu’un de ses hommes ait grièvement blessé son garde-du-corps, Happy Hogan (Jon Favreau, le réalisateur des deux premiers Iron Man). Pas besoin d’en savoir plus. Tout le reste du film repose sur l’efficacité de la relance de l’intrigue (sic) par l’enchaînement de scènes où Stark vole la vedette à tout le monde.

Le show de Robert

Oui, Stark. Pas Iron Man. Avec Tobey Maguire dans le rôle du premier Spider-Man, Robert Downey jr. est sûrement l’acteur qui colle le mieux à son personnage de super-héros de l’univers Marvel. Les producteurs seraient stupides de ne pas s’en servir. Avec un rôle bien calibré entre humour, fronde et vulnérabilité, c’est Tony Stark qui mène l’enquête et qui se bat, comme il le faisait dans la BD dans les années 1970 (Iron Man, numéros 125-128). Bon clin d’œil.

Sauf que c’est Iron Man qui en pâti. On pourra vérifier avec précision lors de la sortie du DVD, mais Stark n’endosse pas l’armure de façon intégrale durant plus de 15 ou 20 minutes dans un film qui va au-delà des deux heures.

Pas de problème quand ça colle au scénario (notamment durant l’affrontement final), mais ça en devient un quand on créé artificiellement une situation pour que Stark s’offre une bagarre digne des «Terminator» flanqué d’un gamin qui est indiscutablement une « valeur familiale » ajoutée au scénario. Dans ce dernier cas, on sent de plus en plus la marque de commerce de Disney.

On n’aurait jamais vu ça dans la BD. On n’aurait jamais vu l’entorse ma-jeu-re commise envers l’univers du comic book non plus, entorse qu’on ne peut révéler ici sans tuer le plus gros punch du film. Ou l’absence de… si vous voulez mon avis.

Depuis que les films de super-héros figurent parmi les franchises les plus lucratives du cinéma hollywoodien, je me dis qu’il y a deux jugements à porter : ceux du cinéphile et du fan de BD, jugements qui ne sont pas nécessairement compatibles.

Iron Man 3 est un bon divertissement pop-corn qui n’arrive toutefois pas à la cheville de la trilogie de Christopher Nolan (Batman) qui a fait la démonstration que des films de super-héros peuvent aussi avoir de la profondeur.

Mais il est tout aussi évident que les producteurs (lire Marvel) vont respecter de moins en moins l’œuvre originale (la BD). Maintenant que le genre est bien installé, il est évident qu’une formule encore plus encadrée (ajouts d’enfants, de séquences rigolotes, etc.) s’avère très rentable.

Iron Man 3 a amassé quelque 175 millions $ lors de ce premier week-end d’exploitation en Amérique du Nord, étant uniquement surpassé à ce chapitre par The Avengers, l’an dernier. Bref, on sait déjà dans quelle direction se dirige la « Phase deux ».

Iron Man 3, de Shane Black, avec Robert Downey jr., Gywneth Paltrow, Ben Kingsley et Guy Pearce.

3 étoiles