Ça fait un certain temps qu’Isabelle Boulay a pris le virage country qui lui sied si bien, tant au plan vocal que pour l’esthétisme musical. Depuis De retour à la source, en fait. Jeudi, pour sa rentrée, la rousse a fait un détour plus large que ne l’indique sa chanson à succès Entre Matane et Baton Rouge, puisque la tournée de l’album Les Grands Espaces a pris forme dans l’Hexagone.
Par Philippe Rezzonico
On avait justement droit à une Isabelle tripartite : la Québécoise passionnée d’effluves country, de grands classiques américains et de chanson française. Peut-être bien la plus internationale Isabelle que l’on ait vue depuis longtemps.
La sélection allait complètement en ce sens. Regroupement généralisé de chansons du passé revisités (Parle-moi), de nouveaux titres alléchants (Les Grands espaces), de reprises d’ici (J’ai un amour qui ne veut pas mourir), d’ailleurs (Jolie Louise) et de titres légendaires (Crazy), le tout, nappé d’une instrumentation organique à souhait, gracieuseté d’Eric Sauviat, Francis Covan, Martin Bachand et Michel Roy.
Strictement d’un aspect musical, l’enchaînement de titres mythiques de Patsy Cline (Crazy), d’Etta James (At Last, la plus belle version entendue outre celle de la récente disparue) et d’Elvis (Can’t Help Falling In Love avec violon, ça devrait être interdit tellement c’est beau) valait le prix d’entrée. Boulay sait – contrairement à tant d’autres chanteuses – respecter la version originale et mettre le classique à sa main. C’est un art.
Mais c’est aussi durant ce moment intimiste que j’ai réalisé à quel point elle était seule, isolée sur cette scène surélevée (la grande chanteuse qu’est Isabelle est petite de stature) en regard de ses musiciens.
Moins rassembleur
Quitte à mettre un band sur les planches sans faire de mise en scène digne de ce nom, aussi bien les regrouper en collégialité comme c’était le cas quand Isabelle s’est offert le TNM il y a quelques années. A cette époque, c’était chaud et rassembleur. Le country humait le terroir. Hier, c’était parfois glacial malgré des chansons réconfortantes superbement interprétées et des éclairages recherchés.
On a vu le contraste vers la fin du spectacle, quand Boulay a regroupé ses musiciens sur la plateforme, en bivouac. D’autant plus efficace que la chanteuse est une bonne conteuse lors de ses enchaînements. Résultante directe de cette tournée rodée en France ? En partie, mais c’était surtout l’enrobage qui laissait à désirer.
Isabelle aurait dû chanter vêtue de la chemise à carreaux qui orne la pochette de son plus récent disque, tiens… On l’a sentie moins spontanée que d’ordinaire et quelque peu coincée.
Mettons ça sur le compte du décalage horaire qui lui a causé un trou de mémoire durant Fin octobre, début novembre. Ça devrait déjà rentrer dans l’ordre vendredi, pour le deuxième service.