Cocaine, c’est lui. After Midnight, tout autant. Ainsi que Call Me the Breeze. Des chansons pourtant identifiées à d’autres artistes. Lui, c’est John Weldon Cale, mieux connu sur le prénom de JJ, décédé le 26 juillet des suites d’un arrêt cardiaque en Californie. Discrètement, comme il l’a été lors de sa carrière de 45 ans.
Par Philippe Rezzonico
C’est par l’entremise de son site web que l’on a appris la nouvelle du décès de l’artiste de 74 ans, ce week-end. Certains ont même cru à une blague jusqu’à ce qu’un communiqué officiel ne vienne confirmer la chose. Le départ de JJ Cale n’est certes pas l’équivalent, au plan médiatique, de celui d’Elvis ou de Michael Jackson, on en convient.
Mais si le talent d’un auteur-compositeur et interprète se mesure à l’influence qu’il a eu sur ses contemporains ou ses successeurs, force est d’admettre que l’Américain né à Tulsa, en Oklahoma, en avait à revendre.
Eric Clapton, Lynyrd Skynryd, Santana, Waylon Jennings, Brian Ferry et bien d’autres ont repris à leur compte les compositions de Cale, souvent en obtenant un plus grand succès que lui.
Il est vrai que nombre d’artistes issus de la scène blues dans les années 1960 ont souvent été éclipsés par leurs contemporains du rock et de la pop. Ce n’était pas comme les pionniers du blues des années 1930, 1940 et 1950 qui ont fait école auprès de la première génération de rockeurs, quoiqu’il ne faille pas généraliser.
Et peut-être aussi, parce que Cale se réclamait de cette école de blues très décontractée. C’est ailleurs la principale différence entre nombre de ses enregistrements et des reprises de ses confrères. Les reprises étaient parfois plus mordantes et elles se sont frayé un chemin vers les ondes radiophoniques, au point que ce sont ces versions qui nous sont plus familières.
Ceux qui étaient au Spectrum de Montréal le 6 juillet 2002 pour le passage de Cale dans la métropole se souviennent à quel point le père du « Tulsa Sound » (blues teinté de country et de jazz) ne mettait pas obligatoirement l’accent sur ses chansons les plus connues.
Ce soir-là, Cale avait joué Cocaine et After Midnight tôt dans son spectacle, comme pour démontrer à quel point elles n’étaient pas plus importantes à ses yeux que ses autres compositions.
Cale n’aimait guère les réflecteurs et il s’est appliqué à demeurer loin des feux de la rampe, tout en étoffant son catalogue. L’Américain met en marché son premier disque qui a fait époque en 1972. Naturally comprend Call Me the Breeze, Magnolia, Crazy Mama et After Midnight.
Cale avait néanmoins enregistré sa première chanson sous le nom de Johnny Cale en 1958 (Shock Up & Sneaky). Son dernier album (Roll On) est paru en 2009.
Le plus humble des « guitar hero » nous a quittés ce week-end, mais ses chansons vont lui survivre. Et ce, peu importe l’identité de l’interprète.