Parmi les artistes qui sont venus cueillir un Félix à L’Autre Gala de l’ADISQ, Laurence Hélie était peut-être la plus surprise du lot. La statuette obtenue pour l’album country par excellence est venue à point dans sa vie. Dix-huit mois après avoir lancé son premier album, l’auteur-compositeur et interprète ne doute plus du tout de son choix de carrière.
Par Philippe Rezzonico
C’est qu’elle était étonnée, la jeune dame qui a longtemps travaillé dans le monde de la musique, quoique du côté de la technique. Recevoir un tel prix pour un premier disque n’était pas de l’ordre de la planification.
«J’étais flabergastée, dit-elle, en se remémorant le moment. J’ai plein d’amis dans le milieu qui font d’excellents albums et qui n’ont jamais rien gagné. Et il y avait une super belle compétition au sein de cette catégorie. Bien sûr, tu souhaites l’emporter, mais tu ne sais jamais… Je m’étais dit que si je gagnais, je ne voulais surtout pas sortir une liste pour que ça soit ennuyeux. C’était donc très spontané.»
Et ce prix n’était pas le premier de son année, car sa chanson Plus je reste avait remporté le prix SOCAN 2011 du Festival western de Saint-Tite. Une grosse année qui se termine avec sa rentrée montréalaise à la Sala Rossa, le 30 novembre.
«J’ai mis tellement de temps à me lancer. Peut-être parce que j’avais peur. Peut-être à cause d’un manque de confiance. Mais ces récompenses sont venues confirmer que c’était une bonne idée de faire ce métier. Il n’y a pas juste mes parents qui aiment ça (grand éclat de rire).»
Plus de couleurs
Pas confiance ? Curieux. Quand on l’a rencontrée pour la première fois au printemps 2010 lors du lancement de Laurence Hélie, elle donnait l’impression d’une jeune artiste qui savait ce qu’elle voulait et qui n’avait pas l’intention de faire de compromis quant à son orientation musicale. En clair, pas question de faire du country de Top-40. C’est peut-être pour cette raison qu’elle n’aborde pas cette rentrée avec la pression supplémentaire qui pourrait être liée à ses récents prix.
«J’ai vraiment hâte de jouer, mais ce n’est pas une affaire de pression. J’ai hâte parce qu’on pense à ce spectacle depuis un bout de temps et qu’on aura plus de monde sur scène que d’habitude. En tournée, on joue en trio (guitare, contrebasse, batterie). Cette fois, on aura tout le band, de la pedal steel, de la mandoline, des invités, du violon, etc. Ça va surtout nous permettre d’incorporer tout le reste. Tout ce qui a donné la couleur de l’album.»
Belle fin d’année, donc, mais on ne parle pas de fin de tournée. Ça aurait pu être le cas, parce que Hélie est en train de composer de nouvelles chansons en vue d’un album pour 2012. L’obtention du Félix va rajouter une flopée de dates à sa tournée.
«On recommence après les fêtes et c’est la résultante du Félix, confirme-t-elle. Après l’été qu’on a eu, on pensait parler de conclusion en vue du prochain disque, mais non… Ecoute, on n’avait pas de booker. Maintenant, on a un booker de tournée… Yes.»
Nouveautés
Si le groupe qui joue ensemble depuis un an maîtrise les chansons du premier album, il y aura des moments sans filet le 30 novembre, parce que de nouveaux titres sont prévus.
«Les chansons du premier disque étaient faites depuis longtemps. Là, ça va un peu plus vite pour les nouvelles qui seront pas moins country ni blue-grass, mais peut-être plus « heureuses » sur le fond. On pense faire deux nouvelles chansons. Peut-être même trois. Mais il faut finir la troisième à temps… »
Non seulement Hélie est maintenant sûre qu’elle a bien fait de plonger, mais la vie d’artiste est pas mal ce à quoi elle s’attendait.
«Je vois les artistes évoluer depuis des années. Je n’avais donc pas de faux espoirs. Je savais que je pouvais me péter la fiole… Que j’allais être parfois découragée… Que j’allais vivre ça au jour le jour. J’étais tellement réaliste… Presque au bord du pessimisme », conclut-elle en riant.
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Laurence Hélie : rentrée montréalaise le 30 novembre, à la Sala Rossa.