
D'Artagnan (Logan Lerman), Aramis (Luke Evans), Porthos (Ray Stevenson) et Athos (Matthew Macfayden): les mousquetaires version 2011. Photo courtoisie Alliance.
Inspirés de personnages de la France du XVIIe siècle, nés sous la plume d’Alexandre Dumas dans un roman paru au XIXe, Les Trois Mousquetaires, réalisé par Paul W.S. Anderson, vient de faire le saut dans le XXIe siècle par l’entremise d’un film digne d’un jeu vidéo qui travestit joyeusement le récit d’origine au profit d’une randonnée explosive et surréaliste. A prendre ou à laisser.
Par Philippe Rezzonico
J’avais compris dès la bande annonce : le Duc de Buckingham (Orlando Bloom) en cheville avec le Cardinal de Richelieu (Christoph Waltz)? Dans le bouquin de Dumas, ils sont adversaires. Buckingham, complice de Milady (Milla Jovovich)? Dans l’œuvre littéraire, c’est Milady qui fait tuer Buckingham par Felton. La cause était entendue. Anderson et ses collègues n’allaient pas nous raconter l’histoire classique des Trois Mousquetaires. Et je n’avais encore rien vu….
Dans la longue séquence d’ouverture de près d’un quart d’heure qui fait office de prequel à l’arrivée de D’Artagnan (fougueux et baveux Logan Lerman) à Paris, Anderson crée de toutes parts une nouvelle origine de la trahison de Milady envers Athos (solide Matthew Macfayden), dans une séquence qui emprunte à The Matrix, à la bande dessinée et à Resident Evil, trilogie de Anderson qui met en vedette la belle Milla.

Aramis (Luke Evans), Athos (Matthew Macfadyen), Milady (Milla Jovovich) et Porthos (Ray Stevenson). Qu'est-ce qui cloche dans cette photo? Photo courtoisie Alliance.
Voir Athos, Porthos (Ray Stevenson) et Aramis (Luke Evans) faire front commun avec Milady, ce n’est pas du révisionnisme. C’est carrément du sacrilège pour les puristes. C’est comme imaginer la Juliette de Roméo en lesbienne ou voir les Sudistes remporter la Guerre de Sécession.
C’est le pari assumé d’Anderson qui indique dès le départ à tous les amants de l’œuvre de mettre leur cerveau et leur culture au vestiaire. Et si on arrive à le faire, cette version prend une toute autre dimension.

Le fameux affrontement entre les mousquetaires et les gardes du Cardinal: boursoufflé, mais réel plaisir coupable. Photo courtoisie Alliance.
Tout, dans Les Trois Mousquetaires, est gonflé en regard de l’œuvre. Le légendaire règlement de comptes entre D’Artagnan et les mousquetaires qui se transforme en combat rangé contre les gardes du Cardinal est décuplé à la puissance dix : quatre contre cinq dans le livre, quatre contre 40 dans le film. Avec les effets spéciaux d’aujourd’hui, cette séquence devient un réel plaisir coupable.
L’intrigue des ferrets de la reine menait uniquement D’Artagnan en sol britannique. Là, les Mousquetaires s’y pointent au grand complet dans se qui devient un duel de dirigeables qui évoque Les Aventures du baron de Munchausen et l’univers des Pirates des Caraibes. Nul doute qu’on a voulu miser sur le succès de cette récente franchise cinématographique pour appâter le client à voir celle-ci. On comprend d’ailleurs à la dernière séquence du film.

A bien des égards, le tournage en 3D des Trois Mousquetaires n'est pas essentiel. Photo courtoisie Alliance.
Clin d’œil à Mission Impossible (le vol des ferrets), combats et échanges aériens qui rappellent ceux de Crouching Tiger, Hidden Dragon (particulièrement l’affrontement entre Milady et les mousquetaires), le long-métrage adapte un récit d’une autre époque à un contenant contemporain. Parfois, c’est rafraîchissant. Tantôt, ça jure totalement. Et quant au tournage en 3D, franchement, il n’était pas indispensable.
Plus d’accent sur la relation amoureuse entre D’Artagnan et Constance (Gabriella Wilde), pas mal d’humour et quelques combats excessifs dans le dernier droit font qu’au fil d’arrivée, cette version des Trois mousquetaires devient plus délurée que crédible, plus fantastique qu’historique, plus divertissante que captivante.
Hollywoodienne, finalement.
Les Trois Mousquetaires, de Paul W.S. Anderson
Avec Logan Lerman, Milla Jovovich, Orlando Bloom et Matthew Macfayden.
Appréciation du puriste : 1,5 étoiles
Appréciation cinématographique : 2,5 étoiles