Il porte un nom de famille qui évoque bien plus une firme conseil (Price Waterhouse Cooper) qu’un univers musical, mais ne vous y trompez pas. En dépit de son look à la Buddy Holly et de ses complets tirés à quatre épingles dignes de l’univers de Mad Men, Nick Waterhouse va peut-être nous offrir l’un des spectacles les plus irrésistiblement remuants du festival Montréal en lumière.
Par Philippe Rezzonico
Si vous avez vu le monsieur et ses musiciens sur la scène de la place des Festivals durant le Festival de jazz à l’été 2013, vous savez déjà de quoi il retourne. Mais la carte cachée de l’artiste californien est son disque, Holly, qui va paraître le 3 mars, et dont presque toutes les chansons sont du calibre du premier extrait : la dynamitée This is a Game.
On retrouve dans ce nouveau titre les mêmes ingrédients de base qui ont fait le succès de Time’s All Gone, réquisitionnée pour un commercial d’automobile : rythme trépidant, guitare mordante, saxo vibrant.
Et ce n’est que le début. High Tiding, la chanson d’ouverture de l’album à venir, nous offre une guitare au picking qui évoque les Shadows. Ain’t There Something That Money Can’t Buy? Un orgue digne de Georgie Fame. Well It’s Fine? Une ambiance qui rappelle Bill Withers. La chanson-titre? Des effluves de John Lee Hooker avec son « boum! boum! » récurrent. Et on devrait entendre tout ça dimanche soir, au Club Soda.
Façonner la musique
Watherhouse, il est un peu comme les Stray Cats, James Hunter et Raphael Saadiq : il récupère tout ce qu’il y a de meilleur des époques précédentes, peu importe le genre musical, et il façonne le tout pour créer ses chansons personnelles.
Est-ce l’environnement musical (la Californie) dans lequel il a grandi qui explique cet éclectisme?
« Il est vrai que ma musique est la somme de plusieurs choses, confirme le monsieur au bout d’un cellulaire qui se promène quelque part sur une route de l’Ohio. Mais la raison principale est tout simplement que je suis d’un naturel curieux. J’ai toujours adoré écouter de la musique et découvrir toutes sortes de choses. »
Si tout artiste est forcément influencé par ses prédécesseurs, il n’est pas aisé de se démarquer quand nos références musicales remontent à plusieurs décennies, même s’il est normal que les dites références ne soient pas obligatoirement celles de la génération qui précède.
Le filtre
« C’est difficile de se démarquer, en effet. Il faut quand même dire que j’ai fait des tas de choses avant de m’orienter vers ce que sont devenus mes deux premiers albums. Je pige dans bien des genres, mais je passe tout ça à travers mon filtre qui est la somme de mes propres expériences et j’y apporte une forme d’esthétisme qui est la mienne. »
Peu importe vos références musicales, les compositions de Holly risquent de vous ravir. En bonne partie parce que l’album pourrait être mis sur une platine et que personne n’irait s’assoir durant la durée du disque, même quand le tempo est au ralenti. Attendez d’entendre It 3… Son groove sensuel vous donne envie de vous coller immédiatement sur votre partenaire.
« Ça fait partie de ma vision des choses. Il faut que ma musique rejoigne les gens et fasse de l’effet, le plus souvent, en donnant l’envoie de bouger. »
Ça risque de se produire plus souvent qu’à notre tour demain soir. Et le plaisir que l’on risque d’avoir dans le Club Soda est en partie dû à un certain commercial… Waterhouse n’est certes pas le premier à voir de ses chansons servir à des publicités et il estime que le débat entourant art et commerce est clos.
« Un jour, quelqu’un m’a offert un beau chèque et j’ai dit oui. C’est ça qui sert à payer notre tournée actuelle. Tant que ma musique ne sert pas à vendre des missiles ou de la nourriture pour chien, ça me va. »