AUCKLAND, Nouvelle-Zélande – Le courriel du rappel du concert à venir pour le lendemain était dans la boîte du spectacle. Banal. Peu importe où tu vas voir un spectacle sur la planète, tu reçois ce genre de message la veille d’un concert.
Par Philippe Rezzonico
Sauf que cette fois, ce n’était pas pour le simple rappel et les indications pour se rendre à l’aréna. On y apprenait que l’ordre des groupes de la tournée commune de Simple Minds et des B-52’s sera inversé pour le concert du 14 février au Vector Arena, à Auckland.
Simple Minds, en logique vedette dans cette tournée qui est néanmoins un programme double, cédait le haut de l’affiche aux B-52’s pour une raison historique.
Le 14 février 2017 est, jour pour jour, le 40e anniversaire du tout premier show des B-52’s à Athens, en Géorgie, environ deux ans avant la parution de leur éponyme album. On note la classe de Jim Kerr et de ses copains.
Quelques heures avant le spectacle, on fait un arrêt au xx, genre de Cage aux Sports qui jouxte l’aréna. Sauf que le lieu n’est pas qu’un bistro bar. Sur les murs, on voit des affiches de spectacles signées par les artistes et les groupes qui ont joué dans l’aréna, incluant notre légendaire Leonard Cohen. C’est là aussi que la Canadienne Tami Nielsen, expatriée en Nouvelles-Zélande, a fait le lancement de son plus récent disque.
Comme annoncé, Jim Kerr et sa bande ont précédé les B-52’s sur les planches dès 19h30, en ce soir de Saint-Valentin. Et comme la plupart des Néo-Zélandais avaient acheté leur billet avec l’intention d’aller applaudir Simple Minds avant tout, ça n’a pris qu’un claquement de doigts pour que l’incendie se déclenche.
On note au passage que les Néo-Zélandais sont nettement plus animés durant un spectacle que les Australiens. N’empêche, Waterfront d’entrée de jeu, ça secoue un peu plus son homme quand on voit le Pacifique depuis l’aréna.
Et Love Song tout de suite après, ça mène à un solide doublé coup de poing. Nous étions d’emblée en mode Saint-Valentin. Et la foule ne s’est pas fait prier pour participer.
Kerr et ses 6 collègue ont offert une prestation aussi solide que celle livrée au Métropolis il y a un peu plus de trois ans, quoique plus courte, en raison de cette notion de programme double.
Kerr est encore flexible (souvent à genoux) et la voix fait le reste. Et il a de l’humour.
« On salue les B-52’s… Quarante ans de métier. Nous, nous sommes jeunes. On ne fait que commencer….» Humour écossais.
Mon moment fort, comme pas mal toujours avec Simple Minds, Someone, Somewhere in Summertime – ma favorite. Mais Waiting For A Miracle, Alive and Kicking et, bien sûr, Don’t You Forget About Me (géante) n’étaient pas en reste. Très bonne idée de conclure, incidemment, de terminer avec New Gold Dream (81-82-83-84).
40 bougies
« Il y a 40 ans ce soir, on offrait notre premier concert. En fait, on offrait plutôt notre première prestation. On a joué deux fois les 4 mêmes chansons à Athens. Et nous avions tous 6 ans! »
C’est ainsi que Fred Schneider a salué la foule après la mise en bouche de Cosmic Thing, histoire de mettre les choses en perspective. Quarante ans après leurs débuts, un décès (Ricky Wilson) et un départ de la scène (Keith Strickland), Schneider ainsi que Kate Pierson et Cindy Wilson tiennent encore le coup sur les planches.
Il est vrai que Cindy n’a que 59 ans, mais Fred en a 65 et Kate, 68, ce qui ne paraît pas une seconde tant sa voix est encore haut perchée. Le trio de la première heure était nettement dans de meilleures dispositions que sur la Place des Festivals en 2011, où ils étaient sérieusement sur le pilote automatique.
Fred a mis quelques chansons dans leur contexte, puis, le trio et leurs quatre musiciens, ont livré frappé fort.. Est-ce parce qu’ils ont pigé plus que d’ordinaire dans leur vieux matériel. Oui, Planet Claire – ou Kate fait encore des voix phénoménales (vidéo) – et Rock Losbter – la tornade – sont toujours au rendez-vous.
Mais 52 Girls – que je n’avais jamais entendue «live» – a été la plus percutante offrande, avec la frénétique Private Idaho.
« Non, ce n’est pas pour Make America Great Again, a ironisé Pierson, mais on va vous énumérer les 52 Girls ». Cette chanson, en duo avec Wilson, soutenue par l’une des lignes de guitare les plus meurtrières du band, a fait dangereusement mouche.
Et on a aussi eu Dance This Mess Around, peut-être bien la chanson signature de Wilson. Et l’irrésistible Lava – quel bonheur! Dans un set plus court qu’à Montréal, les Love Shack et Deadbeat Club ont eu plus de mordant.

Kate Pierson a publié cette photo du 1er show des B-52’s au lendemain de celui du 40e/Photo FB B-52’s
Quarante ans pour les B-52’s? Eux-mêmes n’y auraient pas cru. Mais tout le monde est rentré au bercail avec le sourire. Fred, Kate et Cindy ont bien soufflé les bougies.