P!nk : l’amour entre ciel et terre

P!nk: un spectacle spectaculaire sur le thème de l'amour présenté entre ciel et terre.

Quand elle est venue mettre le feu au Café Campus en 2006 pour la présentation de son disque I’m Not Dead, P!nk était encore une jeune femme qui voulait prouver qu’elle n’allait pas disparaître du radar musical après quelques années de succès.

Par Philippe Rezzonico

Mardi soir au Centre Bell, c’était cette fois avec la jeune maman trentenaire que l’on renouait pour sa tournée The Truth About Love. Bien dans sa tête et dans une forme à faire honte à certains athlètes professionnels, Alecia Beth Moore est désormais une vedette plus internationale que jamais, mais elle a dorénavant les moyens qui lui permettent de transformer ses prestations incendiaires en spectacles acrobatiques.

Il m’est arrivé quelques fois de penser et d’écrire, à la sortie de shows particulièrement étoffés au plan visuel, que même sans entendre aucune note de musique, j’aurais été satisfait. Celui de P!nk peut aisément qualifier pour cette courte liste.

Qu’est-ce qui fut le plus accrocheur? L’entrée en scène pour Raise Your Glass? C’était numéro un. P!nk est apparue avec trois acrobates dans une structure métallique et elle a interprété la chanson au gré des sauts de bungee parfaitement chorégraphiés, alors que des éléments pyrotechniques explosaient et que des tas de danseurs suivaient le rythme.

Comme aux Grammy

Try? C’était quand même magnifique de revoir le numéro de danse que P!nk avait livré avec un danseur lors de la cérémonie des trophées Grammy, numéro identique au clip de la chanson.

Wicked Game? Une belle reprise du classique du Chris Isaak où P!nk, rigide comme un piquet, devient la Helena Christensen de cette danse particulière avec trois danseurs masculins et son pied de micro. Sensuel.

Just Give Me a Reason? Moins percutant, mais quand même bien réussi quand P!nk est montée sur la plateforme pour chanter en duo avec l’image virtuelle géante de Nate Ruess, le chanteur de Fun.

Home Come You’re Not There? Très, très fort. La video de P!nk qui ressemblait à un jeu vidéo de Super Mario première génération, allait à merveille avec cette chanson au tempo endiablé.

Sober? Sûrement l’un des moments forts de la soirée, quand P!ink et une demi-douzaine d’acrobates/danseurs tournoient au-dessus du sol, parfois, dans un sens giratoire opposé. Il fallait voir P!nk, à 35 pieds de la scène, se tenir d’une seule main en équilibre précaire. Il fallait vraiment être sobre durant ce numéro.

Femmes de mauvaise vie

Slut Like You? Disons que l’on a été renversé de la réponse des femmes d’âge mûr, des jeunes femmes, des adolescentes et même des enfants quand P!nk a demandé s’il y a avait des «slut» dans la salle. Selon les interprétations et les variables de traduction, «slut» peut designer des putes, des salopes, des femmes de mauvaise vie, etc… À entendre la réaction de la foule, tout ce qui était féminin dans le Centre Bell – ou presque – répondait dans l’affirmative.

Si Jean-François Mercier (le gros cave) était un chanteur et demandait s’il y a des gros caves dans la foule, je m’abstiendrais de marquer mon approbation… Cela dit, la livraison de la chanson était du tonnerre. Avec les silhouettes de danseuses sur les écrans, des vraies danseuses en petite tenue et un poteau comme dans les bars de danseuses, P!nk a offert le pendant féminin des effets visuels de Honky Tonk Women lors d’un show des Rolling Stones.

Blow Me (One Last Kiss)? Probablement l’une des plus belles pétarades de couleurs et de danse pour une finale avant rappel, quand tout le monde saute et se vautre sur l’immense sofa.

Le fait saillant

So What? Malgré tout ce qu’on avait vu durant près de deux heures, incluant de fort jolies version piano-voix (Familly Portrait) et guitare-voix (Who Knows), ce fut ça, le fait saillait.

Accrochée à un harnais rotatif, P!nk a survolé au sens propre du terme le parterre de Centre Bell dans un numéro de voltige qui a éclipsé tout ce que l’on a jamais vu du Cirque du Soleil (NDLR : regardez la vidéo du show d’Orlando de 1:39 à 5:50). Placé au milieu du parterre, l’effet était saisissant. On avait l’impression qu’elle pouvait nous tomber dessus à tout moment.

C’était similaire au numéro de Tina Turner sur une passerelle qui survolait la foule (durant Nutbush City Limits) au Centre Bell, lors de sa dernière tournée il y a dix ans mais cette fois, avec un niveau de risque diablement plus élevé.

Contrairement à Lady Gaga et Rihanna, P!nk prend de réels risques lors d’un spectacle (elle s’est d’ailleurs cassé la gueule quelques fois au cours des ans). C’est pour cette raison que cette tournée est, à mes yeux, plus intéressante que celle de ses consoeurs.

Et puis, le truc le plus impressionnant en définitive, ça demeure quand même les abdominaux de P!nk qui ont un pourcentage de graisse de 0 pour cent. Je ne croyais jamais revoir l’équivalent des abdos de Billy Idol, période 1983.