Rain, A Tribute to the Beatles : pour la musique

La production américaine de Rain. Photo fournie par la production.

Est-ce parce que j’ai vu McCartney lors des cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques, Lennon – de façon virtuelle – lors de la clôture de ces mêmes JO, ou parce que mes potes Mario et Manon qui revenaient de Las Vegas ce week-end ne tarissaient pas d’éloges envers Love ? Toujours est-il que je ne pensais pas me pointer, mercredi, à la première de Rain, A Tribute to the Beatles, présenté jusqu’à dimanche au théâtre Maisonneuve.

Par Philippe Rezzonico

J’ai été trop gâté dans ma vie, rayon spectacles. J’ai vu trop d’artistes originaux pour être attirés par les copies. Surtout quand tu as vu Paul et Ringo sept fois au total. Mais là, j’y suis allé, ne fut-ce que pour entendre les chansons que Paul et Ringo ne chantent jamais, parce que chansons de John ou de George. Juste pour entendre comment ces titres-là « sonnent » sur scène, par opposition aux enregistrements studios.

Une bonne idée, finalement, puisque les classiques interprétés par John que je n’avais jamais entendus sur les planches – sauf Twist and Shout par le E Street Band -, forment l’essentiel des deux premiers volets dévolus à la Beatlemania.

Un régal que d’entendre She Loves You, From Me To You, I Want To Hold Your Hand et This Boy – superbe – que Reuven Gershon (John) a su livrer sans problème. Un tantinet « meneuse de claques », le Britannique aura su faire fi des perruques changeantes pour interpréter fort bien les chansons des Beatles que John faisait siennes.

Si on s’étonne de l’absence de I Saw Her Standing There et All My Loving dans le premier tiers, le McCartney de service s’en tire encore mieux, rayon chant. Emmanuel Angeletti a une bonne ressemblance physique avec Paul et possède le même timbre. Durant Yesterday, Day Tripper, When I’m 64, Let It Be et Hey Jude, l’effet est saisissant.

"George " et "John". Photo fournie par la production.

L’apport solide des faux John et Paul qui miment à la perfection la gestuelle des vrais – hormis le faux que «  Paul » est droitier – compense pour George (Stephen Hill) et Ringo (Gordon Elsmore), moins efficaces. Cela dit, mention au solo de Hill durant While My Guitar Gently Weeps. Ce n’était pas Clapton, mais c’était bétonné.

Si la production offre les titres en ordre chronologique (apparition au show Ed Sullivan, spectacle du stade Sea, période Sgt. Peppers) en première partie, elle se permet des largesses dans la seconde, histoire d’agencer les chansons selon leur spécificité sonore, notamment pour la portion feu de camp.

Photo fournie par la production.

Et il y a l’ajout de titres du catalogue individuel de John (Give Peace a Chance, Oh My Love) C’est correct. Les Beatles ayant disparus de la scène – sauf pour l’apparition sur le toit à Londres, en 1969 – dès 1966, personne ne sait comment le Fab Four aurait interprété ses chansons s’il avait poursuivi l’aventure durant des années. Faut pas être trop puriste.

Production minimaliste

Ce qui manque le plus à Rain, c’est l’absence d’une production étoffée. Je n’ai pas vu les spectacles Beatlemania ou Get Back. Je ne peux comparer. Mais ici, les enchaînements se font sur écran, où l’on mélange le vrai (l’arrivée en Amérique, JFK, les foules du Ed Sullivan et de Stade Shea, la conquête de la Lune) et le faux (un sosie d’Ed Sullivan et de nouveaux effets visuels). On a particulièrement aimé l’intégration de pubs d’antan (notamment les cigarettes Winston avec les Pierrafeu).

Mais ça ne fait que démontrer l’évidence : Rain n’est qu’une succession de chansons fort bien interprétées au sein d’une production minimaliste. Il n’y a pas de fil directeur aussi bien tendu que pour Elvis Story ou The Buddy Holly Story (qui a pris l’affiche à Londres durant une décennie). De plus, quand on a vu Love, toutes les productions des Beatles souffrent de la comparaison à leur désavantage.

En revanche, on prend un réel plaisir à entendre tous ces monuments de la pop qui forment l’un des catalogues de titres les plus riches de l’histoire. Sur ce plan, si vous avez le goût de « voir » les Beatles en plus de les entendre, ne ratez pas Rain. Pour la musique, c’est fameux.

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Rain: A Tribute to The Beatles: Au théâtre Maisonneuve, jeudi et vendredi (20h), samedi (14h et 20h) et dimanche (14h).