« Salut Philippe, je suis MontrealConcerts! Accepterais-tu de répondre à mon Questionnaire Concerts? Je publie ça sur mon site web. C’est un bel exercice. Merci d’avance! »
Par Philippe Rezzonico
Tu n’as jamais douté, n’est-ce pas Richard? En dessous de ton paragraphe d’introduction dans mon in-box Facebook, il y avait déjà les questions dudit questionnaire. L’approche nette et directe et le contact virtuel – avant que l’on se serre officiellement la main – étaient des éléments parmi tant d’autres qui définissaient bien ta personnalité.
Tu permets que je te tutoie publiquement et virtuellement? Je sais, je devrais laisser ça à tes amies de longue date telles India, Gina et Val ou à ton trio de vieux potes de mousquetaires formé de Karl, Marc-André et Raphaël, que l’on voyait toujours avec toi dans une salle de spectacle près de chez nous.
Mais c’est un peu de ta faute… L’approche directe, disais-je. La poignée de main franche, le sourire narquois, le rire facile, les lettres MAJUSCULES, la réplique assassine : nous étions faits pour nous entendre.
La musique, forcément, était le cordon ombilical, la passion commune… Tant de tes ami(e)s et proches l’ont relevé ces derniers jours. L’évidence, bien sûr, pour quiconque engageait une conversation portant sur la zizique avec toi. Mais il y avait plus…
Au-delà de la connaissance phénoménale que tu avais des artistes de ta génération – et de quelques autres, d’ailleurs -, il y avait ce souci de l’exactitude et un éclectisme que l’on trouve chez peu de journalistes/critiques. Tu pouvais plébisciter l’artiste ou le groupe le plus obscur qui soit (insérer votre choix….) et porter aux nues Katy Perry dans la minute suivante. Pas si courant, en vérité.
Et quand on discutait d’artistes du passé ou de spectacles que tu n’avais pas eu l’occasion de voir – parce que plus jeune que l’auteur de ces lignes – il y avait toujours cette étincelle dans tes yeux qui oscillait entre le « Wow! » et le « J’aurais voulu être là ». Ça, ça n’avait pas de prix.
Le plus beau, c’est que cet esprit d’ouverture s’affichait aussi dans la controverse (là, je ne vais parler que pour moi…). Mais tu sais qu’on en a eu des discussions durant des années portant sur des sujets controversés, notamment notre ami Kanye West, celui que tu voyais comme un génie prétentieux et que je perçois comme un connard pas si génial. En personne et en FB privé…
Mais l’argumentaire se terminait toujours par un lol virtuel ou un éclat de rire en personne. On n’en attendait pas moins d’un journaliste/critique qui portait une légendaire chemise western et un spectaculaire chapeau de cowboy, du même genre que ceux qu’Elvis portait à l’adolescence avant qu’il ne soit roi. On pouvait toujours parler sérieusement de musique sans se prendre au sérieux.
Mais – sérieusement – tu faisais partie du quatuor de journalistes de la presse écrite/web de ta génération pour laquelle j’avais le plus grand respect. Que je perçois comme étant les meilleurs. Je me sens très à l’aise de l’écrire ici, car je te l’ai déjà dit de vive voix.
C’est toutefois plus l’homme que le professionnel que l’on pleure depuis deux semaines. Comme il se doit. Ça explique les centaines de commentaires… Les milliers de commentaires d’amour et de tristesse vus et lus sur les réseaux sociaux. Normal. Tout comme Elvis, tu portais une couronne. La tienne était celle du roi de Twitter.
Et c’est la raison pour laquelle nous étions des centaines, samedi, à te saluer au salon et au saloon, dans le respect et avec juste ce qu’il fallait comme touche d’excès. Il fallait bien que ça se termine dans un esprit festif en dépit de notre chagrin. N’empêche, un salon plus bondé qu’un spectacle à guichets fermés, on n’avait jamais vu ça…
Allez… Bye-bye mon brave. Je te fais la bise. Et je te promets que j’en fais une de ta part à Katy Perry la prochaine fois que je la croise.