Beck le chante sans cesse. Au fond, on n’a besoin que de deux tables tournantes et d’un micro sur scène. Pour Yelle, un micro et deux batteries font l’affaire, comme on l’a vu mardi soir, au théâtre Virgin Mobile Corona.
Par Philippe Rezzonico
Oui, deux batteries, disposées l’une à côté de l’autre sur une large plateforme installée sur la scène principale. Avec la voix de la Française et ses chansons ludiques et rassembleuses, il n’en fallait pas plus pour assister à l’un des spectacles les plus rafraichissants et sympathiques de l’année.
Depuis trois albums, Yelle séduit l’Europe francophone et les Québécois qui s’intéressent à elle avec des chansons électro-pop dansantes où l’amour, le désir et la saine folie font bon ménage et proposent un cocktail musical vitaminé.
L’attrait de cette pop bonbon et ludique peut toutefois lasser à la suite d’écoutes répétitives. Mais Julie Budet arrive à nous charmer sans coup férir durant 75 minutes, car elle transpose sur les planches l’énergie débordante que l’on retrouve dans ses clip qui attirent le regard.
Durant toute la prestation, Yelle chante avec puissance (Tristesse/Joie), se tortille (Ba$$in), sautille (Je veux te voir, À cause des garçons), donne de furieux coups de poings dans l’air (Safari Disco Club), rêve (L’amour parfait) et s’offre même un grand écart depuis la plateforme (Complètement fou).
Tout ça, les cheveux dans le visage, avec fougue, et dans des tenues spectaculaire, soit une robe à lacets multicolores et une autre, d’un jaune éclatant. Yelle, c’est la version des années 2000 d’un croisement entre une France Gall et une Stella des années 1960, le grain de folie en plus.
Derrière elle, ses deux batteurs percussionnistes vêtus de façon identique sont à la fois des instrumentistes chevronnés… et des nageurs synchronisés qui ont raté leur vocation. J’ai le souvenir d’avoir vu Ringo Starr et Sheila E jouer de la batterie côte-à-côte dans un synchronisme parfait durant une chanson ou deux.
Grandmarnier et Franck Richard, eux, ont des frappes ab-so-lu-ment identiques en tout temps, sauf une fois ou deux quand où ils battent la mesure en contre-point. Parfois, ils quittent leur batterie d’un même bas, lentement, de façon robotique, pour venir frapper la grosse caisse au-devant de leur instrument.
On connaît le Drum n’ bass. Ici, on pourrait baptiser ça du Drum n’ Yell. Désolé pour le jeu de mots facile…
L’apport stylistique et artistique de l’ensemble charme autant que le redoutable jeu de lumières se veut efficace.
Pas de temps mort durant 75 minutes dynamitées face à un public qui a pu danser à plus soif. La Française maintenant liée avec le réalisateur de Katy Perry (Dr. Luke) va pouvoir faire le même genre de carton lors de sa tournée américaine, n’en doutons pas.