Pas de Prince, de Robert Plant, de Sade, comme l’an dernier. Pas de Moody Blues, Doobie Brothers, Smokey Robinson, Boz Scaggs, Ben E. King, Wanda Jackson et Eric Burdon, tous présents en 2010. Absence de Brian Setzer, Jeff Beck, Joe Cocker et Jackson Browne, qui étaient en ville en 2009. Et pas non plus d’Aretha Franklin, d’Al Green et de Steely Dan, vedettes de 2008. Pour la programmation en salle de sa 33e édition qui aura lieu du 28 juin au 7 juillet, le Festival international de jazz de Montréal a laissé toute la place au jazz et aux autres musiques.
Par Philippe Rezzonico
Ce qui ne veut pas dire qu’il y avait moins de jazz au menu lors des années durant lesquelles toutes ces vedettes de la pop, du rock et de la soul étaient présentes. Que non. Et ça ne veut pas dire qu’il y a absence de vedettes grand public cette année, puisque Norah Jones, James Taylor, Lisa Minnelli, Seal, Al Stewart et Ziggy Marley, notamment, sont sur l’affiche.
Mais globalement, il y a un certain temps que l’on a vu une programmation en salle du FIJM où la présence de vedettes de la musique dite populaire ne risque nullement de porter ombrage à l’armada jazz, ne fut-ce qu’au plan de la couverture journalistique. Disons que le doublé de Prince au Métropolis et que la présence de Plant à la PdA avaient éclipsé pas mal tout le monde au plan médiatique l’an dernier, en tout début de festival.
Évidemment, on ne sait pas qui va déferler sur les scènes extérieures (Stevie Wonder en 2009, Setzer en 2010, les B-52’s en 2011), hormis le Montréalais Rufus Wainwright pour le concert d’ouverture, mais quand même.
Bref, toute la place pour aller se faire plaisir avec le projet Ninety Miles, avec David Sanchez, Nicholas Payton, Stefon Harris ; celui de Miles Smiles, avec Kenny Garrett, Wallace Rooney, Darryl Jones, Joey Defrancesco et Omar Hakim ; le trio du contrebassiste Ron Carter (le monsieur est en forme, on l’a vu au Blue Note de New York il y a deux semaines), celui du saxophoniste James Carter, le grand Wayne Shorter, jamais à court d’inspiration ; et Esperanza Spalding avec son projet Radio Music Society, tellement dansant, qu’elle a insisté auprès du FIJM pour le présenter au Métropolis.
Duos de pianistes
Parmi les autres programmes qui nous attirent, il y a les duos de pianos. Ceux de Patricia Barber et Kenny Werner, de Bill Charlap et Renee Roses, ainsi que de Aaron Parks et Joey Calderazzo. On s’intéresse aussi au quartette du trompettiste Ambrose Akinmusire, au trio de Lorraine Desmarais et toute la série Invitation du bassiste et contrebassiste Stanley Clarke que l’on verra avec son groupe, en duo (avec Hiromi), avec le quartette à cordes de Harlem et avec ses potes Marcus Miller et Victor Wooten (SMV). Le pianiste norvégien Tord Gustavsen sera l’invité de la seconde série Invitation.
Les fans des sonorités expérimentales qui remontent à plusieurs décennies reverront avec plaisir le trio de Van Der Graff Generator ou iront voir, 45 ans après sa formation, Tangerine Dream, groupe allemand pionnier de la musique électronique. Il y a aussi ce Spectrum Road, groupe particulier formé de Jack Bruce (Cream), Cindy Blackman, John Medeski (Medeski Martin & Wood) et Vernon Reid (Living Color).
Les amateurs de voix iront voir Melody Gardot, l’ovni nommé Janelle Monae, Carmen Lundy, Sophie Milman, Emeli Sandé, Ranee Lee et Gregory Porter. Ceux de musique du monde pencheront vers Johnny Clegg, CéU, Lila Downs et Jovanotti.
Les fans de spectacles thématiques auront droit à Falmenco Hoy, mis en scène par Carlos Saura ; The Life and Blues of Bessie Smith, au retour de GRUBB (déjà présenté l’an dernier), et à celui de Rat Pack (vu à MTL en lumière)
Et il y a le retour de Neillie McKay qui nous avait charmé en 2004, Misstress Barabara en qualité de chanteuse, Patrick Watson, Sarah MK, à la fiesta attendue de Los Amigos Invisibles, à Fishbone, Cascadeur, Nobody Beats the Drum, Chapelier Fou et aux Dirty Projectors. Trop de choses à voir, déjà, avant même de savoir ce qui nous attend à l’extérieur. Mais c’est mieux ainsi.