Billy Idol : toujours l’idole

Le mouvement punk nous a donnés des figures cultes, des groupes mythiques et des chansons de légende, mais, étrangement, bien peu d’idoles. Cela tient peut-être au fait que cette mouvance musicale était en partie un phénomène de contre-culture. Il ne fallait pas être populaire auprès du grand public si on était punk. Sinon, c’était suspect.

Par Philippe Rezzonico

Billy Idol a été une rare exception. Découvert au sein de Generation X à la fin des années 1970, il est devenu une vedette immense en solo durant les années 1980, distillant à merveille l’essence punk, la puissance rock et les mélodies pop. Oui, Billy a été une idole. Et à la lumière de ce qu’on a vu mardi soir au Métropolis, il l’est encore. Ce qui explique que ses fans lui pardonnent le passage du temps.

Les amateurs des années 1980 vont voir Idol pour revivre leur jeunesse, mais il y avait des tas de jeunes trentenaires qui venaient entendre au moins une fois sur scène les hymnes d’antan. Et comme Billy affiche le look d’un mec vingt ans plus jeune que lui  – quels abdominaux d’acier! – avec son sourire à la Elvis et ses cheveux platine, ça facilite le retour vers le futur.

Ce que le look ne peut masquer, ce sont les limites vocales. Rien à redire avec les nouvelles Postcards Form the Past, Can’t Break me Down et Whiskey and Pills enregistrées récemment, dans sa tonalité actuelle. Presque identique au registre – très bas – de Cradle of Love, bien réussie.

Globalement, Idol a perdu de son timbre mélodique dans les graves (perceptible durant Flesh For Fantasy et Eyes Without a Face) et les montées en puissances sont plus abrasives dans White Wedding (avec intro acoustique) et Rebel Yell. Sauf qu’à ce moment, le volet participatif fébrile de la salle archi-comble du Métropolis compense largement.

Rebel Yell, comme son titre l’indique, demeure encore un cri primal et le parterre du Métropolis ressemblait à une fourmilière en folie. Quand la serveuse dépose son plateau de bière pour danser avec les spectateurs, ça en dit long sur l’effet ressenti.

Et l’apport de Steve Stevens y est pour quelque chose. Le riff de Flesh For Fantasy, la guitare mitraillette durant le pont musical de Rebel Yell et la déferlante de Dancing With Myself sont autant de points d’ancrages avec le passé qui sont fidèlement reproduits.

C’est en partie, la face cachée du problème. Si tu as déjà vu Billy sur scène, une nouvelle performance s’avère similaire à la précédente. « Montréal woman! » dans sa reprise de  L.A. Woman, ça fait longtemps qu’il n’y a plus de surprise, même si ça demeure efficace.

Quoique depuis quelques années, Billy nous offre d’autres perles du temps de Generation X, à savoir la trépidante Ready, Steady Go (excellente) et King Rocker (un peu poussive). Fort apprécié.

Pas mal plus que le long « solo » de Stevens qui fut à ce point incongru, que tu te dis que c’est le temps d’aller chercher ta énième bière au bar. Ce que pas mal de spectateurs ont fait…

Je me disais que même un soir où il est complètement bourré sur scène (cas vécu), Eddie Van Halen est dix fois plus pertinent dans ses recherches de progressions de cordes et ses riffs. Et puis, reprendre des mesures de Led Zep? Vraiment? Quand tu peux faire des clins d’œil à tant de classiques du punk (London Calling, Anarchy in the U.K., Blitzgrieg Pop)? Je passe.

Cela dit, ça n’a pas gâché la sauce, même s’il était évident que Billy n’avait plus rien dans la caisse après une frénétique Mony Mony où la moitié de la foule a scandé le désormais immuable « Hey mother fucker! Get laid! Get drunk! », qui n’était pas à l’origine dans le classique de Tommy James and the Shondelles.

Peu importe. Le but, c’était d’offrir aux spectateurs ce qui a fait le succès d’Idol dans les années 1980. Et les idoles de toutes les générations ont compris un truc : si tu veux être encore et toujours perçu comme une idole, tu recrées le mieux possible ce qui a fait ton succès. Ça ne mène pas nécessairement à un show mémorable, mais tout le monde sort de la salle le sourire aux lèvres.