Ce disque-là, je l’ai écouté plus souvent qu’à son tour. Pas plus tard qu’il y a trois semaines d’ailleurs. Présage? J’ignorais complètement que Christina Amphlett, familièrement nommée Chrissy, luttait contre le cancer. Elle a perdu la bataille dimanche, à l’âge de 53 ans.

Par Philippe Rezzonico

C’est le genre de destin auquel on ne pense pas quand on écoute un disque qui nous plait comme Divinyls, que l’on acheté dès sa sortie, en 1990. Le tsunami parti de l’Australie natale d’Amphlett s’est rendu jusqu’à nos rives avec une chanson brûlante nommée I Touch Myself.

Si la chanson et le clip ont fait connaître les Divinyls à l’échelle internationale, le disque n’en demeurait pas moins du tonnerre. Lay Your Body Down et Love School exultaient la même énergie brute et la même sensualité que I Touch Myself, sans compter les If Love Was a Gun, I’m On Your Side et la fougueuse Bless My Soul (It’s rock-n-roll).

Les lignes de guitares de Mark McEntee avaient beau être mordantes, c’est Amphlett qui donnait tout le sens à ce groupe avec cette voix un rauque et râpeuse et son sex-appeal.

On garde un très bon souvenir de cette tournée qui remonte à plus de deux décennies et on a eu un pincement en pensant à la belle dame fauchée par la mort (cancer du sein) beaucoup trop jeune.

Adieu Richie

C’était d’ailleurs la journée des mauvaises nouvelles, lundi, avec l’annonce du décès de Richie Havens d’une crise cardiaque à l’âge de 72 ans.

Si vous n’avez vu qu’une fois le film-documentaire de Woodstock, vous ne pouvez pas ne pas l’avoir vu. C’est lui qui a probablement chanté avec le plus de ferveur et de passion durant ce week-end, hormis peut-être Joe Cocker.

C’est peut-être celui qui a eu le plus chaud au terme de l’interprétation de Freedom. Et c’est indiscutablement celui qui a eu la tâche la plus ingrate, celle d’amorcer le mythique festival le vendredi, alors qu’il y avait déjà trois ou quatre heures de retard sur l’horaire.

C’est néanmoins ce moment qui a assuré l’immortalité à Havens qui aura connu une longue carrière avec son chant enflammé et son sens du rythme qui définissait son jeu à la guitare.

Ainsi va la vie: un instant magique durant un spectacle mythique ou une chanson irrésistible scellent parfois l’immortalité d’un artiste. Et laissent un souvenir indélébile à ceux et celles qui saluent leur départ.