Coup de cœur : les sœurs Boulay – déjà – au sommet de leur art

Les sœurs Boulay ou l'étoffe des duos sur lesquels ont doit compter. Photo courtoisie CCF/Jean-François Leblanc.

Les sœurs Boulay ont ouvert avec panache, jeudi, le 27e Coup de cœur francophone. En toute franchise, on s’y attendait. Là, où il y a eu surprise, ce fut de voir à quel point Mélanie et Stéphanie Boulay ont acquis une assurance et une aisance sur scène qu’on ne leur connaissait pas. Toutes jeunes et déjà au sommet de leur art…

Par Philippe Rezzonico

Entre vous et moi, je me présentais au Club Soda en me disant que l’on allait revoir plus ou moins le même spectacle que celui – très bon – vu cet été aux FrancoFolies. Ce ne fut qu’en partie vrai. Celui-là était supérieur.

Forcément, la sélection de chansons était pratiquement inchangée et dans un ordre chronologique assez similaire à ce qu’entendu cet été, mais il y avait nombre de variantes, à commencer par la scène.

En juin, les frangines, vêtues de robes d’été, étaient installées directement sur les planches, avec de petites décorations à l’arrière-scène. Cette fois, les sœurs prenaient place sur un genre de piédestal central auquel on avait accroché un lampadaire rustique à étages qui conférait un look urbain et rétro, tout à la fois.

Ce piédestal renvoyait presque à la consécration à l’ADISQ (deux Félix) il y a dix jours. Ça se reflétait aussi sur la tenue vestimentaire des sœurs, qui n’était pas loin d’une tenue de soirée, coup d’envoi de festival oblige.

Il fallait voir la belle robe noire de Mélanie qui lui conférait un look sexy au possible. Elle a d’ailleurs joué à fond cette carte en s’amenant sur scène en tournoyant telle une ballerine et en envoyant un baiser à un spectateur des premières rangées. La Mélanie de naguère n’aurait pas affiché une telle attitude, attitude qui se reflétait durant l’interprétation de Ôte-moi mon linge, la toune « cochonne » du duo.

Les harmonies colorent de magnifiques chansons. Photo courtoisie CCF/Jean-François Leblanc

« Wild! », ironisent-elles en parlant d’elles. Sûrement pas dans le sens de déjantées, mais nos sœurs Wilson de la folk (comme les filles de Heart, une blonde et une brune) ont développé une présence de scène solide et un sens de la répartie évident.

Les habitués des spectacles des Gaspésiennes ont reconnu quelques enchaînements et diverses introductions bien connues pour les chansons, comme pour l’irrésistible Ta face dans le windshield. Mais bon nombre de mises en situations avaient été majorées ou modifiées. Expérience.

On a beau adorer Lola en confiture, épurée à l’extrême, Sac d’école, chantée par Stéphanie lorsque baignant dans un faisceau de lumière, les sœurs apportent une autre dimension lorsqu’elles changent de langue pour interpréter The One I love Is Gone et Our House, dans ce cas, lors d’une rencontre à quatre autour du piano avec Laurence Lafond-Beaulne (claviers, trombone, mélodica) et Gabriel Gratton (basse, guitare, percussions). Formidables harmonies.

Elles ont même réussit à nous surprendre au rappel. Alors que tous avaient les yeux rivés sur la scène, les sœurettes, Lafond-Beaulne et Gratton sont apparus au balcon gauche.

Sans amplification sonore, armé (sic) d’un ukulélé, d’un mélodica, d’un triangle, de baguettes et d’un gazou, ce quartette pas commun a interprété une nouvelle composition durant laquelle Lafond-Beaulme a livré un solo de gazou. Un vrai coup de coup au sein de ce spectacle coup de cœur.

Catherine après Tricot Machine

En levée de rideau, Catherine Leduc (Tricot Machine) est venue présenter une demi-douzaine de titres qui se retrouveront sur son album solo au printemps 2014. L’enthousiasme juvénile de cette jeune femme est toujours emballant à voir, mais l’exercice n’a pas été un franc succès.

Catherine Leduc: un enthousiasme intact mais des chansons encore en chantier. Photo courtoisie CCF/Jean-François Leblanc.

Certes, les 35 minutes de prestation nous ont permis d’avoir une idée de l’enveloppe sonore des chansons à naître et de leur contenu, mais la livraison était hautement hésitante et hasardeuse. De plus, je ne suis pas convaincu que ce folk, à première vue, très minimaliste en regard de ce que fait Tricot Machine, ne soit un véhicule idéal pour la sympathique Catherine.

On attendra d’entendre l’album complété avant de porter un jugement définitif, mais cette première partie était peut-être prématurée en regard de la finition des chansons.