… et les Cowboys fringants vus par les Cousins

Cousins et Cowboys ensemble à Bruxelles, lors du cinquième anniversaire de l'Association. Bruno Cadoret prend place devant Karl Tremblay. Photo Courtoisie.

PARIS – Cela a commencé par un attrait culturel, un intérêt musical, une admiration réelle, voire, un coup de foudre. Huit ans après sa création, l’Association des Cousins fringants se paie la traite ces jours-ci avec la présence des Cowboys en sol européen.

Par Philippe Rezzonico

De Lille à Bruxelles, tout en passant par Nantes, Paris et Genève, les Cousins sont aux premières loges des spectacles du groupe québécois. Bruno Cadoret est l’un des fondateurs des Cousins fringants. Si l’occasion est belle de se remémorer comment la relation entre les Cowboys et les Cousins a pris naissance, c’est également le moment de voir les choses du point de vue des fans. Revers actualisé de la médaille.

RR : Comment s’est produite votre première rencontre avec les Cowboys fringants?

BC : «Il y a d’abord eu une rencontre téléphonique surprise. Lors de l’enregistrement d’une émission de Monique Giroux aux studios de Radio-Canada à Paris, elle m’interrogeait sur l’association nouvellement créée et elle a appelé Dom Lebeau, l’ex-batteur des Cowboys fringants. Il a dit qu’il était content de connaître enfin la voix d’un des fans français dont il lisait les commentaires sur le forum du site des Cowboys. Il était content que des Français appréciaient la musique, les textes en québécois et le côté authentique.

«La première rencontre en personne a eu lieu par hasard, dans une rue près de l’Élysée Montmartre, la salle de leur tout premier concert en Europe, en 2004. Je cherchais un bar pour accueillir les Cousins fringants avant et après le concert. Les Cowboys visitaient Montmartre en touristes, totalement incognito, puisqu’ils n’étaient pas connus à cette époque en France. Ils m’ont offert un pot de l’amitié dans un bar, place du Tertre. Un bon souvenir. A noter qu’à la fin du show, ils ont organisé une séance de dédicaces avec les Cousins et les fans qui étaient restés dans la salle après le spectacle.»

RR : Quel est votre souvenir de leur réaction?

BC : « Ils appréciaient que des Français pouvaient autant accrocher à leurs textes, à la culture québécoise populaire et qu’ils connaissent par cœur les tounes!»

RR : Votre association est enregistrée? Pourquoi? Était-ce nécessaire pour démontrer le sérieux de la chose ou une simple nécessité administrative?

BC : «C’était une facilité afin d’ouvrir un compte bancaire pour les cotisations et que tout soit vérifiable par les adhérents. Et en France, les associations sont un gage de sérieux, en effet.»

Pas de barrière de langue entre les Cowboys et les Cousins. Tout le monde se comprend. Photo d'archives. Courtoisie Annik MH de Carufel.

RR : Depuis des lustres, nombre de chanteur (euse) s québécois (e) s qui tentent de faire carrière en France se sont cassé les dents, à quelques exceptions près. L’obstacle le plus souvent cité: l’accent. Et Karl, il en a de l’accent. Pourquoi ça passe avec vous et pas avec les autres Français?

BC : «Ceux qui ne se limitent pas à une vision cliché du Québec ou du Canada font l’effort de comprendre les expressions québécoises et y trouvent d’ailleurs un intérêt « exotique ».  Et au moins la confirmation que le monde n’est pas aussi uniformisé que cela. Mais pour cela, il faut vouloir s’ouvrir l’esprit sur les autres francophonies.»

RR : La présence relativement plus rare des Cowboys peut-elle à elle seule expliquer une partie du phénomène européen, au-delà du bassin de population plus grand chez vous?

BC : « Peut-être, mais ils sont passés d’une fréquence de deux passages par an à trois ou quatre passage par année environ… Ceux qui découvrent leur musique par bouche à oreille ou échanges de MP3 n’ont entendu que des échos positifs de leurs prestations scéniques et les attendent avec impatience. Et les habitants en région sont bien contents de ne pas devoir faire le déplacement à Paris pour les voir…»

RR : Les Cousins ont été ceux qui ont pu diffuser en Europe de la musique et des disques des Cowboys avant les radios. Est-ce la raison principale de l’émergence des CF en Europe francophone?

BC : «Au début, c’était par le bouche à oreille des gens qui revenaient du Québec avec les CD (époque du double CD et du DVD Attache ta tuque). Une certaine communauté européenne sur internet existait un peu avant la création des Cousins, mais ce n’était pas structuré et ça restait à l’étape de discussions sur les forums, sans rencontres physiques. Les Cousins ont permis ces rencontres.»

RR : En 2012, les Cowboys sont-ils aussi ignorés des ondes radiophoniques françaises qu’ils ne l’étaient à leurs débuts? Rayon disques, j’ai vu une dizaine d’exemplaires de Que du vent à la FNAC des Halles, mais sans plus.

BC : « Ils ont pu bénéficier du passage de quelques chansons sur les radios qui ont pu amener un nouveau public amoureux des Étoiles filantes et surtout de Plus rien, avec sa fibre écolo très en vogue chez les jeunes.»

Marie-Annick Lépine, avec sa fougue et ses talents de multi-instrumentistes, soulève l'admiration sur les deux rives. Photo d''archives. Courtoisie Annik MH de Carufel.

RR : Avez-vous pu permettre une certaine percée pour d’autres artistes du Québec? Si oui, lesquels?

BC : «Pas autant que pour les CF, mais on a pu aider Les Trois accords, déjà connus d’un public très jeune; Mes Aïeux – mais ils se font trop rares pour pouvoir connaître un sort identique -, Vulgaires machins – mais ils avaient déjà un public jeune accro au punk rock -,  et Tricot machine, qui a pu faire un concert organisé par un Cousin qui était aussi dans une association étudiante en Savoie. On fait ce qu’on peut, mais ça n’a pas l’ampleur des CF qui peuvent se permettre aujourd’hui de faire des grandes salles comme les Zénith.»

RR : Les Beatles étaient immensément populaires, mais certaines jeunes filles de 1964 avaient leur préférence entre John, Paul, George et Ringo. Sans froisser personne, quel membre des Cowboys vous semble le plus populaire de vôtre côté de l’Atlantique? Et pourquoi?

BC : «Le groupe étant une entité complémentaire, ce sont tous des performers appréciés en tant que groupe de scène, mais il est sûr que la multi instrumentiste Marie-Annick Lépine impressionne et séduit. Karl Tremblay est apprécié pour ses commentaires loufoques entre les tounes, même s’il le fait de moins en moins. Quant à Jérôme, il a pris la place de Dom Lebeau qui avait un contact avec les fans bien apprécié par ceux-ci.»