FIJM 2014: Habitat passe l’inspection

Christine Jensen. Photo courtoisie FIJM.

La petite salle du Gesù ne s’est pas remplie dimanche soir. Les absents ont eu tort car devant un auditoire clairsemé, Christiane Jensen et son Orchestra Jazz ont démontré avoir autant d’aisance sur scène que dans un studio d’enregistrement.

Par François Vézina

Au programme: le très bel Habitat livré dans son intégralité et deux autres pièces fort réussies en fin de concert. Seul l’ordre des pièces a été légèrement modifié.

Riche idée de proposer Blue Yonder en levée de rideau. Un thème envoûtant et des arrangements bien fignolés annoncent les feux d’artifice à venir. Et la suivante, Tumbledown, cette pièce inspirée par les malheurs d’Haïti, est encore plus bouleversante en concert.

Jensen maîtrise pleinement le langage orchestral. Elle monte des structures solides, s’amuse avec les timbres, dose les sonorités dans un bel équilibre.

L’Orchestra Jazz est une belle mécanique précise, réglée au quart de tour mais ses membres ne sont pas des zombis, loin de là. Jensen donne beaucoup de latitude à ses solistes, comme Samuel Blais ou Jean-Nicolas Trottier, pour s’exprimer.

Aux 17 musiciens s’ajoute Ingrid Jensen. La frangine de la chef d’orchestre, a droit aux égards dus aux convives prestigieux. Appelée sur scène pour la troisième pièce, la voici, pieds nus, installée entre les pupitres et la section rythmique. Elle semblera chercher ses repères pendant son dialogue musical avec Christine, se levant sur la pointe des pieds pour trouver son inspiration. Elle parviendra plus tard à tirer des effets saisissants avec une pédale d’écho et se montrera particulièrement solaire pendant Wink.

L’orchestre comptait deux autres invités de marque: les saxophonistes Jean-Pierre Zanella et André Leroux. Ce dernier est immense dans le rôle du guide dans Nishiyuu, épatant sa chef d’orchestre – et la foule par la même occasion – en explorant toutes les possibilités techniques de son instrument.

Si épatant que Jensen le prendra par surprise en l’invitant à prendre un solo au rappel, ce qui ne semblait vraiment pas prévu au programme.

Une chanteuse vient s’intégrer à l’orchestre pour les deux pièces finales. Sa voix s’amalgame au groupe, se met au service de la compositrice, ajoutant une nouvelle texture à sa musique.

Christine Jensen a réalisé les promesses du studio. Son Habitat est aussi emballant à écouter dans une salle de concert que dans un salon. Il ne reste plus à espérer qu’elle trouvera des producteurs et une maison de disque compréhensifs et visionnaires pour l’aider à maintenir à flot sa grande formation. Elles se font si rares de nos jours.