Avertissement à ceux qui iront voir Colin James vendredi et samedi soir au Théâtre du Nouveau-Monde. Il ne s’agit pas d’un concert acoustique comme c’est inscrit sur le programme (The Acoustic Sessions). Ou si peu. Ça, c’est la bonne nouvelle.
Par Philippe Rezzonico
Je me disais, en direction du TNM jeudi soir, qu’on allait revoir le spectacle que James avait présenté en duo avec son guitariste il y a des années à Montréal, mais dès l’entrée dans la salle, la vue du piano et de la batterie annonçait autre chose.
En fait, James a choisi délibérément d’osciller durant tout le spectacle entre l’acoustique pur (une ou deux guitares) et la formation quintette (deux guitares, basse, B-3 et batterie).
Certes, le groupe ne jouait pas avec des amplis crachant des milliers de décibels comme James le faisait à ses débuts (1988) ou sur ses albums partagés avec The Little Big Band, mais on était indiscutablement en mode électrique.
De toutes façons, tu ne veux pas entendre Why’d You Lie, la chanson-phare de James, autrement qu’à la six codes électrique (excellente version). En fait, je me dis qu’on ne devrait pas entendre Five Long Years autrement non plus, mais chaque fois qu’il est parti en tournée en mode minimaliste, James a privilégié ce genre de livraison.
Celle d’hier (deux guitares) était impeccable, mais quand une salle remplie de fans ne reconnait le classique qu’au deuxième couplet (applaudissements), ça prouve mon point : Five Long Years en acoustique – surtout quand tu sais qu’un groupe va te rejoindre dans quelques chansons -, c’est du gaspillage.
L’autre aspect inégal, c’est que James semblait constamment partagé entre un concept établi pour un festival et la promotion de son récent album, Hearts On Fire. Entre les nouveaux titres, le nombre considérable de reprises (Muddy Waters, John Hammond, Bob Dylan, Bill Withers, Van Morrison, Sam Cooke) et ses propres compositions, on avait trop souvent l’impression de passer du coq à l’âne, de passer d’une ambiance folk à une atmosphère blues.
Nous n’étions ni dans un spectacle de « grands succès », pas complétement dans celui d’une tournée d’un album, quoique peut-être dans une performance où James nous montrait sa large palette d’influences. L’offre n’était pas ennuyeuse pour un sou, mais on perdait complètement en chemin les montées en puissance caractéristiques d’une grande virée.
Bref, si l’ajout des guitares électriques était le bienvenu, je ne suis pas convaincu qu’un spectacle entièrement acoustique ou totalement électrique n’aurait pas été préférable. L’entre-deux, être assis entre deux chaises, finalement, c’est trop souvent synonyme de compromis.