FIJM, jour 10: Norah Jones ne cause pas, mais elle chante…

Norah Jones a présenté son spectacle à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Photo courtoisie FIJM/Denis Alix

J’ai vu le spectacle de Sophie Milman jeudi et je suis allé voir celui de Norah Jones samedi soir. La différence? Sophie, c’est celle que la mère veut comme belle-fille, Norah c’est celle que le gars veut, malgré qu’elle paraisse inaccessible. Je parle de musique, évidemment. Puis, je suis allé terminer ma soirée et mon festival avec les mauvais garçons du Rat Pack is Back. Belle façon de clore le tout.

Par Richard Bousquet

Le spectacle de Norah Jones peut se résumer à la livraison de 21 compositions dont sept tirées de son dernier album Little Broken Hearts, certaines plus magnifiques que d’autres, avec ses quatre comparses – guitare, basse, claviers et batterie – en près d’une heure trente. Madame n’est pas jasante – un «merci» au début, un «vous avez du plaisir au festival de jazz?» au tiers, une anecdote sur son chien aux deux tiers et un «merci d’être là» vers la fin – mais elle sait jouer et chanter.

Chanter, elle l’a fait avec sa voix unique, tantôt nasillarde du Texas pour les pièces plus country comme Long Way Home et surtout Lonestar; tantôt plus claire pour les pièces plus folk-rock comme She’s 22, All I Dream, Happy Pills et Stuck, le meilleur rock de la soirée; tantôt plus feutrée pour les pièces plus jazzées comme Cold Cold Heart, Out On The Road, Miriam et la très appréciée Sinkin’ Soon. Son jeu va souvent de paire : à la guitare ou au piano électrique pour le folk-rock, à la guitare pour le country et au piano pour le jazz.

Mais c’est au piano en solo – Love Me or Nearness or Painter et Don’t Know Why – qu’elle se révèle le mieux, qu’elle a réussi le plus à toucher le public.

Sans oublier les rappels qui n’en étaient pas tout à fait parce que les applaudissements servaient en fait à donner le temps aux techniciens de reconfigurer la scène sous nos yeux.

Les cinq musiciens se sont regroupés à l’avant scène pour livrer trois chansons avec un seul micro multidirectionnel, la contrebasse remplaçant la basse, le batteur se contentant d’un tambour et le claviériste jouant de l’accordéon.

Cette nouvelle configuration a donné un cachet fort intimiste à Sunrise, a amené la foule à taper des mains sur Creepin’ In et a transformé Come Away With Me en berceuse mettant parfaitement en valeur la voix de Norah. Une belle finale.

Les quatre membres du Rat Pack et leur orchestre se produisaient à la salle Maisonneuve de la Place des Arts. Photo courtoisie FIJM

The Rat Pack is Back

J’ai manqué la première demi-heure du Rat Pack. La faute à Norah. Mais j’en ai assez vu pour me permettre d’actualiser la critique de mon collègue Philippe Rezzonico à la suite de leur passage en février dans le cadre de Montréal en lumière, critique que je vous invite à lire.

Brian Duprey (Frank Sinatra) et Drew Anthony (Dean Martin) ont la physionomie, la gestuelle et les qualités vocales pour faire oublier par moments qu’ils ne sont pas les vrais membres du Rat Pack, c’est un peu moins vrai pour Kenny Jones (Sammy Davis Jr).

Ils ont écouté la suggestion de mon collègue et le spectacle s’est déroulé sans entracte, comme en 1960, évitant ainsi de torpiller le crescendo du show.

Contrairement à février, ils sont venus avec leurs propres musiciens, une section de dix cuivres, incluant le chef d’orchestre, un batteur, un bassiste et un pianiste. Côté musical, le spectacle de samedi était probablement mieux assuré.

J’ai cru voir un carré rouge dans la poche de veston de Dean Martin, mais on a fini par savoir qu’il s’agissait d’une petite culotte, celle de Céline Dion, selon ses dires.

Sans égaler l’original et malgré les bouffonneries, il est évident que cette production de Las Vegas est réglée au quart de tour et le public y passe un bon moment. Une belle façon de mettre fin au festival.