
Billy Bragg a livré son plaidoyer politique mardi soir au Métropolis. Photo courtoisie FIJM/Frédérique Ménard-Aubin.
C’était soirée de protestation mardi au Festival international de jazz de Montréal. Mais non, les étudiants n’ont pas envahi la scène, le Britannique Billy Bragg et la Suissesse Sophie Hunger s’en sont chargés comme des grands.
Par Richard Bousquet
Billy Bragg n’est pas le plus assidu à Montréal, mais il a jasé avec son public comme s’ils étaient de vieux chums. Son discours politique a déridé l’assistance à maintes reprises. Un peu trop à mon goût. L’activiste était en verve, si bien que le conteur a pris le dessus sur le chanteur. Pour le rythme, on repassera.
Entre deux discours et deux gorgées de thé, le musicien a tout de même enchaîné 16 chansons relevant davantage du folk que du jazz comme il s’est plu à le répéter à quelques reprises.
Le tout a commencé avec la décapante To Have And To Have Not, le monsieur démontrant dès le départ qu’il est toujours en forme.
Après avoir expliqué ses liens avec Woody Guthrie – il a mis en musique plusieurs textes de la légende du folk américain à la demande de la fille de ce dernier – Billy a soulevé la foule avec des interprétations inspirées de She Came Along to Me et All You Fascists.
Mais la première moitié du spectacle était principalement composée de chansons plus douces, musicalement il va sans dire, dont Tomorrow’s Going to Be a Better Day, Tank Park Salute, Sexuality et Never Buy the Sun, aussi poétique que politique.
Puis, cette dernière a été suivie de compositions plus rock, The Milkman of Human Kindness et Levi Stubbs’ Tears, livrées, pur bonheur, sans discours entre les deux.
Il fallait s’y attendre. Un spectateur lui a apporté un carré rouge. Ce fut le prélude à une «violente» livraison de There is Power In a Union, que des spectateurs ont savouré le poing en l’air, et le capitalisme en a pris pour son rhume avec Waiting For the Great Leap Forwards en tombée de rideau.
Après deux rappels, le public n’était pas encore rassasié. Il a enfin livré son hymne A New England, repris en chœur par une bonne partie du parterre.
Sophie Hunger chante Dylan
En première partie, Sophie Hunger a aussi rendu hommage à Guthrie, mais surtout à Bob Dylan en revisitant plusieurs de ses créations à l’occasion de sa troisième participation au FIJM. Parfois solennelle, parfois coquine, usant tantôt de son filet de voix, tantôt de toute sa puissance, elle a hypnotisé la foule – on aurait entendu une mouche voler – et démontré une belle maturité.
Mais il est dommage qu’elle ait attendu au rappel pour nous adresser quelques mots en français, langue qu’elle maîtrise très bien. La belle grande brune a révélé qu’elle enregistre, mercredi, avec des musiciens à Montréal.