FIJM, jour 8: Pat Martino demeure maître de lui-même

Pat Martino: la dextérité toujours au poste. Photo courtoisie FIJM/Dennis Alix.

À son retour au FIJM après six ans d’absence, le guitariste Pat Martino a démontré devant ses admirateurs au Gesù qu’il n’avait encore rien perdu de son art, tant au chapitre de la dextérité technique qu’à celui de la fluidité du discours musical.

Par François Vézina

Martino a présenté, du moins dans le cadre du Festival, une formation plutôt inusitée: un trio guitare, batterie et orgue B-3. Mais, le groupe est déjà bien soudé, l’organiste Pat Bianchi est aux côtés de Martino depuis plus d’un an déjà tandis que Carmen Intorre les accompagne depuis novembre dernier.

Le répertoire provenait surtout du catalogue des standards du jazz moderne, dont une époustouflante version de Oleo, de Sonny Rollins, et une autre de All Blues, de Miles Davis, amorcée de façon légèrement hésitante mais finalement transformée en magnifique catalyseur d’énergie sur un tempo moyen.

Peu de fantaisies quant à la structure des pièces interprétées. Martino lance le thème qu’il développe respectueusement avec son style incisif habituel, tout en fluidité et en netteté, détachant chaque note les unes des autres. À quelques reprises, il fait monter la tension en répétant les intervalles.

Bianchi prend la relève, ancrant, à l’image du leader, son chorus dans les lignes mélodiques et harmoniques du thème. Martino s’empare du relais, mais cette fois, son chorus est composé de progressions d’accords enthousiasmantes. Il est fort le monsieur.

Intéressant le rôle de l’organiste pendant les chorus de Martino: d’une main, il procure au trio un soutien en développant une nette ligne de basse, de l’autre, il enveloppe le son feutré de la guitare de Martino, renforçant du même coup, son côté chaleureux.

Intorre, lui, garde ses compères sur le qui-vive. Sa main droite métronomique bat le rythme en se concentrant sur les cymbales pendant que sa main gauche ponctue le tout de quelques éclats à la caisse claire.

Martino ne révolutionnera pas le jazz, loin ne s’en faut. Mais il n’en a pas la prétention. À l’arrivée, on aura assisté à un bon concert de la part d’un bonhomme qui a déjà fortement contribué à l’essor de la musique improvisée. Ce n’est pas rien.