Pour bien des artistes, la parution d’une compilation de grands succès marque la fin d’un cycle créatif ou représente le dernier album à livrer à un label à des fins contractuelles. Pour Francine Raymond, Présents du passé est au contraire l’occasion de renouer avec son public.
Par Philippe Rezzonico
Il faut dire qu’elle était disparue du radar, la lionne, depuis ses derniers spectacles de 2004. Et du même coup, ses albums étaient bien plus difficiles à trouver sur le marché. D’où la nécessité de remettre en circulation des titres qui étaient difficilement accessibles.
«Depuis longtemps, on ne trouvait plus mes albums dans les magasins, même pas la compilation qu’on avait fait à la fin des années 1990, confirme-t-elle. C’était le moment de ramener mes chansons au grand jour.»
Pour se faire, l’artiste a elle-même fait la sélection des titres qui ont bien passé l’usure du temps, hormis la présence de quelques claviers qui affichent clairement certaines périodes d’enregistrement.
La parution de cette compilation de 18 titres remasterisés par Claude Champagne (qui a fait un super boulot) est aussi une splendide carte de visite pour Raymond qui avait délaissé les feux de la rampe depuis bientôt dix ans.
«Je m’étais retirée de la scène. Bien sûr, j’ai fait quelques apparitions (ndlr : comme lors du formidable spectacle des 100 ans du Devoir), quelques corpos et des galas, mais on ne m’a pas vu beaucoup ces dernières années.»
L’éclipse
Plusieurs raisons expliquent cette éclipse. Francine Raymond a connu des années difficiles au plan personnel et professionnel. Quelle aborde d’ailleurs avec pudeur et franchise.
«Il y a souvent eu de bons mots, de belles paroles et de belles intentions, mais rien ne s’est concrétisé. Bref, le silence était en partie volontaire et en partie pas volontaire. J’ai eu 50 ans… Il y a eu des pertes, des amis, de la famille.
«Il y a eu un cycle intense où tous mes concepts ont été chamboulés. Ce fut un chaos qui a duré sept ans. Tu sais, on parlait à la fin de 2012 de la fin du monde que l’on appréhendait. Eh bien, je l’ai vécue avec tous ces changements qui sont survenus en même temps», ajoute-t-elle, néanmoins confiante que tout ça est derrière elle.
Et l’avenir s’annonce prometteur. Présents du passé n’est pas la seule offrande de Francine Raymond attendue en 2013. Au printemps, nous aurons droit à une réédition 20e anniversaire de Les années lumières. Ça explique en partie pourquoi la chanson-titre qui fut un grand succès ne se trouve pas sur la nouvelle compilation, ce qui avait étonné nombre de collègues.
Et si ce n’est pas pour cette année, la possibilité de la voir graver de nouveaux titres à forte consonance pop et de la revoir sur les planches n’est pas exclu.
Le moment présent
«J’ai envie de refaire de la scène, mais il faudrait mettre le projecteur sur la femme que je suis et non sur l’ingénue dont je reprendrais le rôle. Il y a certaines choses que je ne pourrais rechanter sur scène aujourd’hui.
«Et j’ai aussi de l’intérêt pour d’autres formes artistiques. Je ne veux pas recommencer la même chose. Ça serait bien de jumeler la musique à des œuvres visuelles.»
Quant à savoir si Francine Raymond a encore des choses à dire, une vingtaine de chansons déjà mûres attendent de voir le jour. Bref, là aussi, la motivation y est.
Il ne reste qu’à trouver le véhicule idéal pour dévoiler tout ça. En 2014, peut-être? On espère.
—
Francine Raymond, Présents du passé (Editorial Avenue), disponiible en magasin et en ligne.