Samedi soir de flotte sur les FrancoFolies. Après le marathon de la veille, l’irritant est moins important que prévu. Pas question de s’offrir une autre virée de six heures sur le site, d’autant plus que nous avons rendez-vous avec Daphné et Barbara.
Par Philippe Rezzonico
Daphné, c’est l’artiste contemporaine qui s’est produite deux soirs de suite sur les planches du Gesù. Barbara, c’est bien sûr la figure de légende dont le répertoire était mis en valeur dans ce spectacle intimiste et sans fard.
Accompagnée d’un piano juste, de cordes discrètes, et d’une guitare ou d’une basse en filigrane, Daphné a su s’approprier les classiques et chansons moins connues de la grande dame de la chanson française, sans verser dans le mimétisme de mauvais goût.
Au plan vocal, la Française a un phrasé qui s’apparente à celui de la légende disparue, livré le plus souvent en délicatesse. L’absence d’accordéon, un instrument important dans l’œuvre de Barbara, permet d’emblée à Daphné de se situer vis-à-vis les spectateurs. On goûte l’œuvre, mais nous ne sommes pas dans un Elvis Story consacré à Barbara.
Comme c’est souvent le cas dans ce genre de spectacle hommage, ce ne sont pas toujours les chansons archi-connues qui sont les plus percutantes. Peut-être parce que notre relation envers les titres moins entendus sur disque et à la radio n’est pas la même.
Ainsi, Ma plus belle histoire d’amour, Dis, quand reviendras-tu? et Si la photo est bonne, ont été offertes de façon impeccable. Mais ce sont Gueule de nuit, avec sa finale susurrée, Göttingen, d’une formidable intensité, et Joyeux Noël, une chanson d’adultère comme il ne s’en fait plus, qui ont été parmi les offrandes les plus prisées par l’auteur de ces lignes.
Avec sa robe en partie translucide et ses mises en contexte brèves et précises, Daphné a été à l’essentiel. Elle a rappelé la relation entre Barbara et Georges Moustaki qui lui a écrit La dame brune (magnifique interprétation), nous a fait dos pour amorcer une livraison de L’Aigle noir qui s’est conclue en un crescendo vibrant, et nous a renversés avec une relecture de Nantes à faire frémir. Un spectacle hommage irréprochable, comme on les aime.
Le retour de l’idole
Je suis arrivé à la place des Festivals alors que Roch Voisine, l’idole des années 1980 et 1990, était à mi-chemin de son spectacle. L’idole d’aujourd’hui, devrions-nous ajouter, à en juger par les milliers de festivaliers qui bravaient la pluie battante.
Cela a d’ailleurs mené à une scène un peu surréaliste : Voisine, installé sur la petite scène placée sur la rue Jeanne-Mance, qui interprète Hélène sous un parapluie avec des centaines de voix qui chantent avec lui. « Seul sur le sable, les yeux dans l’eau » pouvait se traduire par « Nombreux dans la rue, les pieds dans l’eau… »
La flotte n’allait pas freiner la machine Voisine, véritable usine à tubes depuis maintenant 25 ans : Kissing Rain (de circonstance), L’idole, J’entends frapper, Avant de partir et l’incontournable Darlin ont fait mouche face à cette foule qui comprenait plusieurs générations d’amateurs.
Bonne sono, cuivres ajoutés, choristes bien en voix : Voisine était entouré à merveille et il n’a pas raté sa chance d’offrir un spectacle essentiellement francophone pour une première fois depuis des lustres.
En définitive, ces 25e FrancoFolies n’ont pas été tristes. On s’en reparle demain avec le bilan et les coups de cœur.