Francos, jour 3 : le feu nourri de Groovy Aardvark

Vincent Peake et ses collègues étaient en feu. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz Lamich

D’ordinaire, un spectacle livré par un groupe pour souligner son 25e anniversaire et des plus rassembleurs, mais pas nécessairement des plus percutants. Comprendre, les gars sont 25 ans moins jeunes… Pas avec Groovy Aardvark…

Par Philippe Rezzonico

Pour ce retour après sept ans d’absence, la bande à Vincent Peake a offert une prestation intense et dynamitée sur une Place des Festivals bondée qui vibrait au son des salves de guitares dignes d’un feu nourri.

Plusieurs fois durant cette performance de près de deux heures, je me suis dit que je ne voyais aucune différence entre le Groovy 2012 et celui que j’avais vu au Métropolis sept ans plus tôt, celui applaudi sur la rue Sainte-Catherine il y a environ dix ans, ou dans d’autres salles durant les années 1990.

Au plan sonore, c’était percutant et dissonant à souhait. D’ailleurs, quand Peake a déclaré en fin de soirée que le groupe était « vaguement rouillé », j’ai franchement pouffé de rire. Rouillé comme ça, n’importe quand mon Vince…

Les fans de longue date de Groovy Aardvark étaient là, poing en l'air. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz Lamich

Ce qui était magnifique dans cette entreprise, c’est que Groovy Aardvark a eu l’occasion de jouer devant une marée humaine comme il l’a rarement fait durant sa carrière. Et même si la musique du band n’est pas plus grand public qu’elle ne l’était dans le temps, la foule est demeurée compacte jusqu’à la rue Sainte-Catherine. On parle de 40, 000 à 50, 000 personnes, facile.

Les retrouvailles

Tout près du rivage qu’était la scène, il y avait les purs de durs du groupe québécois pour qui ce spectacle n’était rien de moins d’un cadeau de Noël avant la lettre. Des que les notes de Rencontre du troisième type se sont fait entendre, c’était pas loin de l’orgasme total. Et on a vu des séances de bodysurfing qui nous ont rappelé le bon vieux temps.

Il fallait voir ça durant Boisson d’Avril, quand des milliers de personnes battaient la mesure; durant Le sein matériel, jouée à fond de train; ou quand des centaines de poings étaient en l’air lors de l’interprétation de Lanterne.

Grosse réaction aussi, quand Peake a annoncé que 64 – composée en l’honneur du canal télé qui retransmettait les débats de l’Assemblée nationale – était rebaptisée 78 (comme la loi) pour l’occasion.

Groovy Aardvark et le superbe jeu de lumières d'Olivier Pontbriand. Photo courtoisie FrancoFolies/Victor Diaz Lamich

Sans surprise, la version trash du P’tit Bonheur, interprétée conjointement avec Marc Vaillancourt, de B.A.R.F., a été l’un des moments forts, comme naguère. Peake et ses guitaristes François Legendre et Martin Dupuis ont offert un solide numéro de percussions de tambours durant The Whole Gang, segment durant lequel les tambours ont été remplacés par les incontournables casseroles.

En feu toute la soirée, Peake possède toujours cette voix d’enfer qui lui permet de hurler à pleins poumons sans aucune peine apparente. Très fort sur Dérangeant. Les boys ont conclu tout ça sur une version explosive de Ingurgitus avec le chanteur invité format géant Pat Gauthier, du groupe Raid. Cette chanson-là, avec sa phrase-clé : « Le chèque est dans la malle !  » est l’un des plus grands brûlots de la musique au Québec.

Et, aucun doute, après une telle performance, le chèque est bel est bien dans la malle.