Gala de l’ADISQ 2014 : les prédictions

Louis-Jean Cormier, en lice pour la chanson populaire de l'année. Photo Alain Décarie.

Après L’Autre Gala et le Gala de l’industrie, place au Gala de l’ADISQ, dimanche soir, présenté sur les ondes d’Ici Radio Canada et animé pour une neuvième année par Louis-José Houde.

Au menu : des prestations sans filet – la joie du direct – et la remise d’une douzaine de Félix, dont celui hommage à Michel Louvain. Qui sera sacré lors de cette soirée? Avec un bon nombre de votes du public dans l’équation, les prédictions s’avèrent toujours plus risquées.

Album de l’année contemporain : Dans les catégories où les ventes de disques comptent pour 40 pour cent du vote, les albums chouchous du public ont une longueur d’avance : ici, Serge Fiori, qui a écrasé toute compétition au cours de la dernière année. Trop d’avance en fait, pour penser que le vote de l’Académie va pencher tout d’un bloc vers Valérie Carpentier (L’été des orages), pourtant très en vue à la suite de son passage à La Voix, Pierre Lapointe (Les callas), Lynda Lemay (Feutre et pastels) ou  Émile Proulx-Cloutier (Aimer les monstres).

Album folk de l’année : Ornithologie la nuit (Philippe B) est une beauté, Roi de rien (Michel Rivard) affiche le vécu et les racines, Le feu de chaque jour (Patrice Michaud) vibre de passion et Mon Homesick Heart (Les Hay Babies) est tout ce qu’on espère d’un disque folk. Non, je n’ai pas écouté le disque de Wilfred… Coup de dés : Ornithologie la nuit.

Album pop de l’année : On retrouve un vétéran qui compte déjà plus de 15 ans de carrière (Vincent Vallières, Fabriquer l’aube), des vieux routiers qui connaissent le tabac (Kaïn, Pleurer pour rire), des jeunes qui ruent (Alexandre Désilets, Fancy Ghetto) ou qui émeuvent (Alex Nevsky, Himalaya mon amour) et une petit nouvelle qui a de la dégaine (Sally Folk, Sally Folk).

Cette catégorie pop est l’une des plus diversifiées des dernières années, tout en restant dans le genre populaire.

Pas évident de cibler un album plus méritoire qu’un autre, mais je me dis que le disque de Nevsky va s’imposer par un cheveu devant celui de Vallières.

Auteur ou compositeur de l’année : Jimmy Hunt, David Marin, Klô Pelgag, Philippe B et Émile-Proulx Cloutier. Une catégorie dont le vote repose sur un jury spécialisé. Textes pour textes, je le donnerais à Marin. Et je doute que le jury récompense deux «recrues» (Pelgag et Proulx-Cloutier), indépendamment de leur talent. Ça devrait donc se jouer entre Jimmy et Philippe, mais le Felix Album de l’année – Choix de la critique ayant été remis à Hunt plus tôt cette semaine, je mise sur lui.

Chanson populaire de l’année : Je crois bien que j’ai prédit avec justesse le lauréat de cette catégorie une ou deux fois depuis 15 ans. Mauvaise nouvelle pour celui que je vais désigner… Cela dit, magnifique cuvée. La charmante Emmène-moi (Marie-Pierre Arthur), la touche émotive de Mappemonde (Les sœurs Boulay), la mélodie irrésistible de Les amoureux qui s’aiment, peut-être ma chanson préférée des Trois Accords; le texte et la musique de On leur a fait croire (Alex Nevsky) et le serment de foi de L’amour c’est pas pour les peureux (Vincent Vallières) : tout est pertinent et bien ficelé.

Mais ici, il faut toujours regarder vers les chansons qui ont eu le plus de « visibilité » et de diffusion. Si cela place Comme on attend le printemps (Jérôme Couture) en bonne position, je crois que c’est une autre grande chanson rassembleuse, Tout le monde en même temps (Louis-Jean Cormier), qui aura la faveur du public. Sorry, Louis-Jean.

Groupe de l’année : Je déteste férocement cette décision de l’ADISQ d’avoir transformé cette catégorie en vote public depuis quelques années. Depuis lors, cela est devenu un simple concours de popularité où Mes Aïeux l’emporte d’office. Et je ne suis pas très friand à cette idée d’inclure des duos. Des duos, ce sont sont pas des groupes qui fonctionnent à quatre ou cinq égos… C’est dit.

Or, cette année, Mes Aïeux – pas plus que Les Cowboys Fringants qui l’emportent quand les aïeux n’y sont pas – sont absents. À qui la chance? Kaïn, Les sœurs Boulay, Les Trois Accords (lauréats dans la passé), Marie-Ève Janvier et Jean-François Breau ou Radio Radio? Si la belle Marie-Ève et le chic Jean-François ne l’emportent pas, je paie un verre aux trois plus proches collègues qui seront près de moi dans la salle de presse au moment de l’annonce des lauréats. PS : je n’ai à peu près aucune chance de perdre.

Interprète féminine de l’année : Là aussi, la qualité d’interprétation n’a rien à voir. On vote pour sa préférée. Bref, Brigitte Bosijoli, Isabelle Boulay, Cœur de pirate et Lisa Leblanc sont méritoires, mais personne ne va battre Marie-Mai qui a même devancé Céline Dion dans cette catégorie l’an dernier.

Interprète masculin de l’année : Daniel Bélanger, Serge Fiori, Éric Lapointe, Alex Nevsky et Vincent Vallières. Selon ce que je viens d’écrire pour ces dames, Éric Lapointe devrait être l’élu, mais j’ai l’impression que le public va saluer le retour de Fiori.

Klô Pelgag. Photo badcamp.com

Révélation : Personne n’a eu droit à la visibilité de Valérie Carpentier révélée à la télévision.

Mais il ne s’agit pas d’un vote du public, ici. Et les ventes d’albums ne comptent pas.

Ce qui fait que le splendide ovni des mots nommé Klô Pelgag va la devancer, en même temps que Sally Folk, Les Hay Babies et Émile Proulx-Cloutier.

Spectacle de l’année – auteur-compositeur-interprète : Je l’ai ai tous vus. Et ils furent tous très bons. Je serai incapable de trancher strictement quant au plaisir qu’ils m’ont procuré, quoique le rockabilly de Daniel Bélanger, c’est ma tasse de thé. Dans ces cas-là, quel est le facteur d’analyse décisif?

Je me dis que la production de Punkt (Pierre Lapointe) fut supérieure de celle de Chic de ville (Bélanger), Le poids des confettis (Les sœurs Boulay), Roi de rien (Michel Rivard) et Fabriquer l’aube (Vincent Vallières). Il faut bien trancher quelque part.

Spectacle de l’année – interprète : J’ai franchement aimé Ne me quitte pas : un hommage à Jacques Brel, peut-être le meilleur spectacle hommage à Brel jamais produit au Québec. Mais la complexité du fractionnement des textes de Michel Tremblay, des arrangements musicaux et de la scénographie du Chant de Sainte-Carmen –de-la-Main surpasse les productions d’Isabelle Boulay (Chants libres), de Marie-Ève Janvier et Jean François Breau (Noël à deux) et Nicole Martin (Tout en douceur). Il n’y aura pas photo.

Félix hommage : Remis à Michel Louvain (il est à peu près temps…).

Rien à ajouter, sinon que le disque à acheter pour survoler ses années de gloires se veut Michel Louvain, l’anthologie 50 chansons (2007) qui couvre la période APEX de 1957 à 1970.

Et ne vous inquiétez pas, on y a rajouté La dame en bleu (1976)…