Géants, ces jeunes

young-the-giantEn cette ère jetable de la musique où une certaine frange de l’industrie tente de survivre, il est toujours franchement intéressant de voir des jeunes groupes nés au 21è siècle attirer avec constance un public fidèle à chacun de leurs passages sur nos terres.

Par Philippe Rezzonico

C’est le cas des Californiens de Young The Giant, que l’on a pu applaudir au festival Osheaga il y a deux ans où dans ce même Métropolis, il y a quelques années, où ils offraient leur prestation, mardi soir.

Le genre de spectacle où un critique dans mon genre ne croise aucun des confrères de sa génération, mais de jeunes collègues comme Marie-Kim Dupuis-Brault, de Sorstu.ca, et la photographe, Vanessa Leclair, en congé ce soir-là, qui me rappelle gentiment qu’elle me lisait : « quand j’étais petite… ».

Bon. Peu importe la génération, ça prend quelques éléments de base solides afin d’offrir une bonne prestation. À commencer par de bonnes chansons.

Et avec une ouverture formée du triplé Jungle Youth, I Got et Something To Believe In, le groupe a frappé dans le mille. Même si vous ne connaissez pas ces chansons, juste les titres font comprendre à quel point Young the Giant parle aux gens de sa génération.

Une chanson (Jungle Youth) qui touche l’âme et les sentiments:  « It feels so peculiar, boiling hot in my soul/Farewell transmission: not meant for this world», un titre (I Got) de désir fortement imagé et une autre chanson (Something To Believe In) d’engagement profond. Tout y est.

Il faut, bien sûr, y croire et livrer le tout avec conviction. Sur cet aspect, Sameer Gadhia ne laisse rien au hasard.

Bonne voix, belle gueule, le chanteur retient encore plus l’attention avec cette combinaison de taulard rouge/orangé qui donne l’impression qu’il sort d’une version masculine de Orange Is the New Black.

Sa présence et son charisme font merveille auprès de ses fans, mais il n’est pas poseur pour autant. Gadhia retient l’attention pour les bonnes raisons, que ce soit quand il entraîne la foule à chanter les paroles de Apartement, où lorsque qu’il ralenti le tempo au minimum en offrant au ukulélé Art Exhibit, « ma tentative d’écrire une chanson d’amour.

Les compositions du nouveau disque Home of the Strange telles Amerika passent la rampe avec aisance, même si ce sont les succès Cough Syrup, It’s About Time et, bien sûr, My Body, qui se veulent plus rassembleurs.

Mention spéciale à Firelight. L’éclairage ambiant, les cellulaires, les drapeaux de part et d’autre de la scène et la constellation d’étoiles ont formé un ensemble magique.

Et, en terminant, un message aux membres des Américains de Ra Ra Riot qui ont assuré la première partie en enfilant 12 ou 13 chansons en 45 minutes : Voilà comment il faut faire.

Vous avez des chansons valables, un chanteur (Wes Miles) qui a une voix de fausset qu’il maîtrise et une instrumentation intéressante (notamment en raison de la présence du violon de Rebecca Miller et de la violoncelliste de tournée). Mettez-y du cœur et ça ira beaucoup mieux.