Je ne me souviens pas de la parution du premier 33-tours des Beatles, Please Please Me, mis en marché au Royaume-Uni il y a 50 ans aujourd’hui. Et pour cause. Aucune chanson de l’album ne figurait à la sélection retenue par le DJ de mon berceau… Mais les chansons, elles, me suivent depuis presque aussi longtemps.
Par Philippe Rezzonico
Ce n’est toutefois pas par l’entremise de ce disque précis que je les ai découvertes. Il faut se rappeler qu’à l’époque, les Beatles mettaient en marché des 33-tours qui étaient différents en Angleterre et en Amérique.
Si Please Please Me fut le premier vinyle 33-Tours paru à Londres, ce fut Meet the Beatles! qui fut son équivalent aux États-Unis, album assorti de la photo des Beatles dans la demi-obscurité qui ornait la pochette de With the Beatles en Grande-Bretagne. Vous me suivez? Pas grave.
Pour les gens de ma génération, la photo qui ornait Please Please Me était avant tout celle de l’album rouge (The Beatles 1962-1966), compilation de 1973 qui comprenait l’essentiel du corpus beatlesque depuis le premier extrait, Love Me Do (octobre 1962) jusqu’à la fin de 1966.
À moins d’être passé par l’entremise d’un collectionneur, d’un magasin spécialisé en importation ou d’avoir acheté ledit vinyle en Europe dans les années 1960 ou 1970, Please Please Me était une rareté de notre côté de l’Atlantique. Du moins, jusqu’à la réédition du catalogue anglais des Beatles sur nos terres en 1987 lors de l’avènement du disque compact.
Depuis lors, Please Please Me a été réédité par l’entremise de coffrets mono et stéréo avec une qualité sonore exemplaire.
Pour bien des gens, les légendaires albums de milieu et de fin de parcours (Revolver, Rubber Soul, Sgt. Peppers, Abbey Road) seront à jamais les chefs-d’œuvre des Beatles. À juste titre, d’ailleurs.
Mais j’ai toujours eu un faible pour les premières années du Fab Four, probablement parce que je suis un amateur de Rock n’ Roll avant d’être un amateur des Beatles. Il y a un air de jeunesse qui ne s’est jamais démenti à l’écoute des P.S. I Love You, Do You Want To Know a Secret et autres Anna (Go To Him).
Et un air de folie, aussi. J’ai eu le plaisir d’entendre McCartney mettre le feu avec I Saw Her Standing There (comme bien des gens) dans nombre de spectacles, mais aussi de hurler de joie à la l’écoute surprise de Please Please Me en 2005 à Toronto.
Ahhh!!! Cet harmonica! L’une des seules tournées – sinon la seule – où Macca a sorti ce classique des boules à mites. « The blast from the past! », avait-il ajouté. En effet.
Ou encore, de crier comme si on était en pleine Beatlemania avec les collègues Sylvain Cormier, Marie-Christine Blais et Claude Côté, quand Ringo est venu nous chanter Boys au début du siècle à Montréal avec sa bande de « All-Stars ». Quant à Twist and Shout, à défaut de l’avoir entendue de la part d’un Beatle, qu’est-ce que j’ai dansé sur celle-là dans une douzaine de shows de Springsteen.
J’admets. Je suis biaisé. Gâté pourri. J’ai eu la chance d’entendre sur scène mes quatre chansons préférées de ce disque. Et il joue présentement avec le volume à 12 au moment où j’écris ces lignes. En 2013, il n’y a aucun risque que la musique ne réveille un bambin couché dans un berceau…