INXS : le respirateur enfin débranché

Lors d’un concert livré sur le continent australien qui les a vus naître, les gars d’INXS ont annoncé ce week-end qu’ils sabordaient le groupe après 35 ans de carrière. Le batteur Jon Farriss en a fait l’annonce sur la scène de l’aréna de Perth, durant le spectacle.

Par Philippe Rezzonico

Nul doute que les frères Farriss (Jon, Tim, Andrew), Garry Gary Beers et Kirk Pengilly ont eu la gorge nouée, mais ce qu’ils ont confirmé officiellement en fin de semaine, ça fait 15 ans qu’on le sait déjà…

Vous connaissez l’histoire : en 1997, alors que INXS est en train de s’offrir un formidable retour avec le disque et la tournée Elegantly Wasted, Micheal Hutchence, chanteur et figure de proue du band se suicide par pendaison. Tragédie.

On peut parfaitement comprendre le désir des autres membres de vouloir poursuivre l’aventure musicale. Et c’est ce qu’ils ont fait. Depuis lors, Jon Stevens, Jimmy Barnes, Terence Trent D’Arby, J. D. Fortune – découvert par un concours télévisé en 2005 – et Ciaran Gribbin, depuis 2011, occupaient le poste laissé vacant par Hutchence.

«Occupaient» est le bon mot. Comme dans «acte de présence» ou «on fait du mieux que l’on peut». Parce que «remplacer», jamais…

Il faut avoir grandi en écoutant les succès de INXS (Original Sin, Need You Tonight, Never Tear Us Apart, Devil Inside, Bitter Tears, Suicide Blonde, Mystify, New Sensation) au fur à mesure de leur création et, surtout, avoir vu Hutchence sur une scène pour comprendre que jamais personne ne pouvait le remplacer.

J’ai fait quelques entrevues avec les membres du groupe (d’ordinaire, le porte-parole était Tim Farris), mais une en personne avec Hutchence et Farris en 1997, justement pour la parution de Elegantly Wasted. Même assis dans un fauteuil, sans bouger, Hutchence irradiait de ce magnétisme et de cette aura animale qui était sienne. Imaginez sur scène…

Les Doors, sans Jim Morrison, ça n’a aucun sens. INXS, sans Hutchence, non plus. Je comprends que les boys ne voulaient pas «mourir» aussi jeunes que lui. Quel déchirement, quand même… Ils voulaient encore vivre de leur art. De leur passion… Et ils l’on fait, de surcroit avec un regain de popularité durant le passage de Fortune, bien sûr, en raison de la publicité générée par l’émission de télé-réalité qu’il l’a fait découvrir.

Mais intérieurement, j’ai l’impression que les autres membres d’INXS savaient qu’ils ne pouvaient retarder l’inévitable. En fait, je me dis que certains soirs sur les planches, ils devaient s’ennuyer de la magie qui existait avec cette bête de scène nommée Hutchence. Ceux qui ont vu les shows d’INXS au Spectrum ou au Métropolis dans les années 1980 ou 1990 savent de quoi je parle.

C’est triste à dire, mais INXS – le groupe que l’on voit sur la photo qui orne ce texte – n’est plus depuis le 22 novembre 1997. Tous les membres du groupe, que l’on salue bien bas pour leur contribution à notre bonheur collectif,  le savaient aussi. Mais ils ne l’ont accepté que ce week-end.