Kings of Leon: chronique d'une mort annoncée?

Kings of Leon: Pour combien de temps, encore? Photo courtoisie

Regardez cette photo d’archives du groupe Kings of Leon. Les trois frères et le cousin Followill. Ces gars-là vont-ils rester unis encore longtemps ? A la lumière de ce que l’on a vu vendredi, au Centre Bell, on le souhaite. Mais il y a comme un doute…

Par Philippe Rezzonico

On doute en raison de ce qui s’est passé cet été. Récapitulatif : Lors d’un spectacle présenté au Texas, Caleb, le chanteur, quitte la scène. Version officielle : il ne file pas. Ca arrive. C’est là que Jared, le bassiste, précise sur les réseaux sociaux que ce n’est pas un malaise ou une mauvaise soirée, mais quelque chose de bien plus profond « que de ne pas boire suffisamment de Gatorade. »

Le public comprend alors que les frangins se tapent sur la gueule. Comme au sein d’Oasis ou des Kinks. Ça va tellement mal que le reste de la tournée estivale américaine est annulée. Les gars n’ont repris la route que récemment.

Vendredi, Caleb a demandé au moins trois fois à la foule si elle avait du plaisir, ce qui ne semblait pas être son cas. Son insistance ressemblait furieusement à de l’ironie. Et au rappel, le band a mis tellement de temps à revenir sur scène qu’on a cru qu’il se passait quelque chose en coulisses. Comprendre, quand une foule en délire cesse d’applaudir pour obtenir le retour de ses favoris, il est vachement le temps pour le groupe en question de revenir sur les planches, non ?

Pour avoir vu ce band après la parution de leur deuxième disque, à San Diego en 2005, je peux vous assurer que celui qui s’est pointé à Montréal porte désormais le poids des ans et des conflits internes. Rien à voir avec The Sheepdogs, groupe castor découverte de 2011, qui a offert en première partie un set qui baignait dans les influences du Sud (Allman Brothers) et de l’Ouest Canadien (Guess Who, B.T.O.), le tout, avec une réelle joie communicative.

Éblouissant

Cela dit, la famille Followill, dysfonctionnelle en privé, ne l’a pas trop fait sentir sur scène. Si le groupe était nettement moins engagé en première portion de spectacle, le spectaculaire jeu de lumière a largement comblé.

En fait, le gars à la console semblait synchroniser ses spots avec les solos de guitare de Matthew. Durant Four Kicks et Crawl, c’était éblouissant au sens propre comme au figuré. Nos pupilles ont eu du mal à s’en remettre. Lors de la livraison de The Immortals, les projecteurs étaient braqués vers le plafond du Centre Bell et valsaient de droite à gauche, comme on le voit sur le toit de la Place Ville-Marie. Joli.

Ça tombait plutôt bien, parce qu’en deuxième portion, le visuel que l’on voyait sur les écrans était nettement moins bien agencé avec la musique. Peut-être parce que les boys n’en avaient plus besoin, eux qui ont désormais cinq albums de matériel disponible.

Montée en puissance

Des pulsations de Radioactive en début de soirée aux racines organiques de Back Down South qui a vu la rangée entière de collégiennes devant moi se lever d’un bloc pour danser, on est ensuite passé aux choses sérieuses : long solo incisif durant Arizona, irrésistible montée en puissance durant Molly’s Chamber et guitare galopante durant Knocked Up. Kings of Leon a su démontrer une cohésion sans faille.

Moments forts : Closer, avec son motif répétitif qui semble tiré du catalogue de Bran Van 3000, l’incontournable Sex On Fire (grosse frénésie) et Use Somebody, qui donnait l’impression que Kings of Leon peut devenir l’espace d’un instant U2 et Coldplay tout à la fois. L’une des collégiennes dansait alors juchée sur les accoudoirs de son siège. J’ai pas vu ça souvent au très policé Centre Bell.

A l’arrivée, un bien meilleur spectacle qu’anticipé en raison de la bisbille rapportée de l’été. Et une question encore sans réponse : Etait-ce la dernière fois ?