Ce qu’il y a de bien avec le blues, c’est qu’il s’agit d’un langage universel que tous peuvent s’approprier, peu importe leurs horizons. Carolyn Fe en est un bel exemple. La chanteuse montréalaise aux racines philippines plonge depuis quelques années dans cet univers qui a vu le jour dans le sud des États-Unis.
Flanquée de ses collègues du Blues collective (Rami Cassab, Tim Allyne, Oisin Little, Dan Legault (Drums), Fe a lancé Bad Taboo, son troisième album, en début 2014. Son précédent disque, Original Sin a reçu le Lys Blues en 2012.
Original est ici le mot-clé. Carolyn Fe propose ses propres compositions sur Bad Taboo, ce qui n’est pas si courant dans un genre où il est tellement plus facile de reprendre des standards de Robert Johnson, Muddy Waters ou autres Big Mama Thornton.
Fe verse dans le blues, donc, mais on parle ici d’un blues contemporain, aux palettes de couleurs élargies, dont les influences et les clins d’œil à diverses époques sont perceptibles, sans jamais sacrifier le présent.
La première chanson du disque, All About Them, est aux confins d’un blues d’allégeance pop, par opposition à Life’s Just That Good, dont la voix nappée d’un fort écho ainsi que l’harmonica de Guy Bélanger nous ramènent à une autre époque. Tout comme Promised, d’ailleurs.
Redemption, avec son rythme bien appuyé mais pas trop trépidant, est comme un ver d’oreille. On accroche aussi à la voix sensuelle et aux ivoires de Love Galore, tandis que Whole Lotta of Trouble ne cache pas ses accents country. On ratisse large, disait-on plus haut, mais on ne fait pas du sur-place.
Sensible (Goodbye) ou mordante (Not Worth the Show), Fe transmet avec aisance des sentiments aussi universels que sa musique.
Si vous ne l’avez jamais entendue sur scène, vous pouvez le faire le 6 septembre prochain, à la Maison du jazz (House of Jazz), à Montréal (21h30).