Le perpétuel sentiment d’affirmation de Melissa Etheridge

Melissa Etheridge Photo site officiel

Melissa Etheridge Photo site officiel

Pas de doute, ça doit être la faute du fuseau horaire de mes vacances. Je rate le métro d’une minute, j’en attends cinq pour le suivant qui reste finalement en plan sur le quai durant cinq autres minutes avant de repartir, comme le RER A (ligne rouge) m’a fait le coup plusieurs fois à La Défense, la semaine dernière à Paris. Pour les transports en commun, Montréal ou la ville-lumière, même combat.

Par Philippe Rezzonico

Ce petit délai m’a fait arriver à 19h33 à la station Place des Arts. Pas grave, me disais-je. Melissa Etheridge ne va pas amorcer à 19h35 un spectacle où l’heure officielle sur le billet est de 19h30. Surtout qu’il n’y a pas de première partie. Euh… Oui.

Suis arrivé un peu hors d’haleine et pas content et à mi-chemin de Ain’t It Heavy, première offrande du spectacle, dans un théâtre Maisonneuve où tout le monde était debout au parterre. Je déteste être en retard, je peste contre les métros de tous les continents et, hormis en festival, aucune tête d’affiche n’amorce un show cinq minutes après l’heure inscrite sur le billet.

Ce spectacle d’Etheridge, c’est la version solo de la tournée de This Is M.E., un album au titre prévisible de la part de l’artiste. Depuis ses débuts, le désir d’affirmation de l’Américaine est indissociable de sa musique: Like the Way I Do, If I Wanted To, I’m the Only One, Bring Me Some Water, Yes I Am, I Want To Come Over… Tant de titres d’album ou de chansons à succès où le « je » et le « moi » sont omniprésents, quoique pas de façon prétentieuse.

Elle est ainsi, la Melissa. Entière, sincère et désireuse de tracer sa voie sans en dévier. Dans cette formule intimiste qu’elle affectionne et avec laquelle elle renoue périodiquement depuis 15 ans – nous sommes loin des concerts du Forum ou du Centre Molson des années 1990 – , Etheridge a parlé de ses racines francophones qu’elle a découvert récemment, de son amour indéfectible pour Montréal dont les amateurs l’ont adopté dès sa première escale, en première partie de Bruce Hornsby au théâtre St-Denis (1988), et de son passage du printemps à La Voix.

Était-il nécessaire pour Etheridge d’inviter trois participants de la populaire émission télévisée? D’ordinaire, quand tu proposes un duo, c’est pour apporter quelque chose de plus à une chanson. Or, la présence de Mathieu Holubowski qui intercalait les portions de Like a Rolling Stone, de Dylan, à You Can Sleep While I Drive n’a fait que torpiller cette dernière. Raté.

Ce n’était guère plus concluant pour Similar Features avec Angelike Falbo. Quand la plus jeune chanteuse n’arrive pas à faire jeu égal avec la plus âgée, à quoi bon… En revanche, le duo avec Rosa Laricchiuta pour Bring Me Some Water était digne de mention. Deux voix similaires, de la puissance à revendre et un réel partage artistique. Bref, une réussite sur trois.

Amour et passion

C’est qu’elle n’a besoin de personne, Etheridge, afin de faire passer ses messages d’amour, de désir, de fragilité et de passion. Elle est même capable de le faire de façon minimaliste, seule au piano, quand elle reprend avec brio The Weakness In Me, de Joan Armatrading.

Et encore mieux avec l’aide de ses séquenceurs qui lui permettent de magnifier grandement des offrandes qui étaient uniquement des livraisons guitare-voix ou piano-voix lors de ses spectacles solo dans le passé.

Chrome Plated Heart, avec ses relances et ses solos variés, ainsi que I’m the Only One, en version blues-rock étirée à l’infini (10 minutes), ont particulièrement bénéficié de ce traitement.

Mais pour des chansons coup de poing ultra mélodiques aux refrains fédérateurs comme I Want To Come Over et Come To My Window, le plus souvent, l’appui vocal de la foule était suffisant, autant pour une nouveauté comme Monster que pour le classique Like the Way I Do qui a bouclé une performance généreuse de deux heures…. à 21h35.

Rien à craindre. Je n’allais pas rater le dernier métro.