Le roi lion : plus pour les yeux que pour les oreilles

Le roi lion: spectaculaire...pour les yeux.

Il ne faut pas dix minutes à quiconque n’ayant vu Le roi Lion sur une scène pour comprendre pourquoi le produit dérivé du film d’animation de Disney est devenu le musical le plus populaire qui soit à Broadway, avec plus d’un milliard des dollars de recettes depuis sa création en 1997.

Par Philippe Rezzonico

Mais si l’histoire du jeune Simba qui revient reconquérir son trône des années après la mort de son père Mufasa dont il se croit responsable plait autant aux enfants qu’aux adultes, c’est nettement plus la production spectaculaire que la musique qui retient l’attention.

Le roi lion présenté à la salle Wilfrid-Pelletier jusqu’au 7 septembre est identique au musical d’origine crée par Julie Tamyor à New York en 1997.

Éblouissant

Nous sommes rien de moins que subjugués par l’inventivité de ces girafes géantes mues par des humains sur échassiers, par l’éléphant géant qui arpente le parterre de Wilfrid-Pelletier, les zèbres galopant et autres hyènes humaines qui se contorsionnent en tous sens. Du tonnerre.

Nous sommes éblouis par les couleurs éclatantes des magnifiques costumes confectionnés pas Taymor dans les numéros d’ensemble, notamment celui d’ouverture, durant Circle of Life, et One by One, au retour de l’entracte. Un régal pour les yeux.

La production magnifie au maximum l’espace dans la salle, avec des personnages qui chantent au balcon, d’autres qui courent dans les allées et les deux percussionnistes installés sur les flancs de la grande scène, au vu et su du public. Bien pensé.

Les meilleurs

Au plan individuel, Patrick R. Brown, qui interprète le méchant Scar, ressort du lot (les méchants n’ont jamais le beau rôle, mais toujours les meilleures répliques), tout comme Tshidi Manye (Rafiki) qui personnifie le continent africain à elle seule par sa gestuelle, son chant et sa présence. De bonnes notes aussi pour Drew Hirshfield qui donne si bien vie à Zazu que l’on ne voit pratiquement que la marionnette. Chapeau.

Mais là où Le roi lion est déficitaire – du moins pour l’amateur de musique féru de musicals dans mon genre -, c’est au plan de l’interprétation. À aucun moment durant ce généreux spectacle, n’ai-je senti de réel souffle au plan vocal.

Tous les interprètes sont compétents et presque sans faille, mais aucun n’est réellement exceptionnel, comme si Le roi Lion, la production, devait mettre à l’avant-plan l’effort collectif et non les performances individuelles.

Et ce n’est pas parce que certaines des chansons composées à l’origine par Elton John et Tim Rice ne sont pas connues. Même un spectateur qui n’aurait jamais vu Le roi lion (film ou musical) est familier avec The Circle of Life ou Can You Feel the Love Tonight.

Mais jamais – lors de la première, du moins – n’a-t-on mesuré des tonnerres d’applaudissements au terme d’une interprétation renversante. Comprendre ici qu’il n’y a pas d’équivalent à Memory, de Cats;  à One Day More et Do You Hear the People Sing, des Misérables; et à n’importe quoi de Mamma Mia. Des chansons hyper fortes qui bouleversent ou dont la mélodie se reconnait instantanément.

D’ailleurs, le seul moment où la foule a spontanément tapé des mains dès les premières mesures d’une chanson, c’est lors du clin d’œil (une quinzaine de secondes) à Wimoweh (The Lion Sleeps Tonight), cette chanson populaire africaine des années 1930 dont la version avec paroles du groupe The Tokens est devenue la version anglophone de référence en 1961.

Pas si grave, dans la mesure que ce spectacle éblouissant vaut largement le détour. Mais un spectacle avant tout familial qui s’adresse plus aux yeux qu’aux oreilles.