L’élection américaine dans la lorgnette de Ry Cooder

Le Québec est campagne électorale. Les États-Unis aussi. En fait, en raison de leur système électoral, les États-Unis sont toujours en mode élections. Mais celle de novembre 2012, c’est la grosse, l’imposante, celle qui est scrutée par la planète entière : La présidentielle. Et Ry Cooder vient de s’y inviter.

Par Philippe Rezzonico

Cooder, c’est bien sûr le vétéran à qui l’on doit la musique du film Paris, Texas, mais aussi un artiste engagé qui n’a pas la langue dans sa poche. Comme c’est souvent le cas chez nos voisins du Sud, ce sont plus souvent les artistes d’allégeance démocrate qui vont au front lors des élections américaines. Et quand c’est le cas, ce sont les républicains qui payent la note.

Ça se vérifie encore avec Election Special dès le titre d’ouverture : Mutt Romney Blues, une chanson qui met en perspective le point de vue du chien de Mitt Romney, qui n’a pas été bien traité par son maître (ndlr: il y a bientôt 20 ans, Romney avait installé son chien sur le toit de sa station wagon pour un périple de 12 heures). Le ton est donné.

A travers les titres déclinés en mode acoustique avec guitare, mandoline et autres instruments de terroir, Cooder va brosser son état des lieux de l’Amérique, autant sur un ton sarcastique que dénonciateur. Certains titres sont implicites comme The Wall Street Part of Town et Guantanamo, cette ville liée à jamais à la désormais honteuse prison du même nom.

D’autres méritent une écoute plus attentive. Notamment Cold Cold Feeling quand le président marche seul dans le bureau ovale. Cooder tente de transposer l’auditeur dans les souliers pas toujours confortables de Barack Obama. Un splendide blues lent et sombre à souhait.

Il se moque aussi de Sarah Palin avec Going To Tampa, où s’amorce lundi la convention républicaine qui va officiellement couronner le candidat Romney en vue de la présidentielle du 6 novembre.

Si Cooder avait été plus resserré au plan de la production, ce disque aurait pu passer pour un album de Steve Earle ou Bruce Springsteen. En optant pour une approche souvent plus ironique que cynique, rayon propos, son album s’écoute toutefois sans lourdeur aucune au plan sonore, même s’il risque de porter rapidement les affres du temps en raison de son propos actualisé.

Ry Cooder, Election Special, Nonesuch Records

3 étoiles et demie