
Les Cousins fringants ont fait mousser la popularité des Cowboys fringants avant même leur premier passage en Europe, se souvient Jean-François Pauzé. Photo d'archives. Courtoisie Annik MH de Carufel.
PARIS – Les Cousins fringants. Si vous êtes un fan des Cowboys fringants, vous connaissez bien les irréductibles amateurs gaulois, wallons et helvètes du groupe québécois qui résident en Europe francophone et qui viennent parfois acclamer les nôtres sur nos terres.
Par Philippe Rezzonico
Alors que les Cowboys sont présentement en tournée européenne avec les nouvelles chansons de leur album Que du vent, Jean-François Pauzé répond longuement aux questions de Rue Rezzonico relativement à la première rencontre des Cowboys québécois avec les Cousins d’outre-mer. Tous fringants, ça va de soi.
RR : Les Européens ont appris votre existence par l’entremise de l’ancien forum de votre site web, avant votre premier passage sur le Vieux Continent. Est-ce uniquement le web qui vous a fait découvrir là-bas ou des expatriés québécois ont-ils engendré cette découverte?
JFP : C’est un peu tout ça. Il ne faut pas non plus minimiser l’apport des Européens qui sont amoureux du Québec et qui sont venus chez nous, soit pour des études, soit pour des échanges culturels, des vacances, etc. Bien souvent, ces gens sont repartis avec nos CD dans leurs bagages et ont « propagé la bonne nouvelle» de retour chez eux. Sauf qu’en bout de ligne, le web a définitivement été le fer de lance principal de notre carrière en sol européen.
«Grâce à ça, le bouche à oreille a probablement été centuplé comparativement à ce qui se faisait avant l’arrivée d’internet. Nos albums, souvent absents des tablettes des disquaires de France à nos débuts, ont pu être téléchargés. L’accessibilité à notre matériel a donc été facilitée et un plus grand nombre de personnes ont pu en bénéficier rapidement.»
RR : A quel moment avez-vous réalisé l’ampleur de l’engouement des fans européens et qu’une amicale – officiellement enregistrée – avait été créée?
JFP : «Disons que notre premier concert en sol européen avait été assez fascinant. C’était en avril 2004, à L’Élysée Montmartre. On s’était fait un peu tirer le bras pour y aller, puisqu’on était certains que nous n’avions aucun avenir là-bas – à cause entre autres de l’accent – mais on avait décidé d’y aller pour le fun. A notre arrivée sur scène, la salle de 1500 places était pleine à craquer et euphorique.
«Pendant le spectacle, Karl a demandé au public s’il y avait des Québécois dans la salle. Une centaine de Québs sur les 1500 personnes avait fait sentir sa présence. On était stupéfaits ! Il n’y avait pratiquement que des Français et ils entonnaient nos chansons avec leur accent. C’était surréaliste ! Par la suite, nous avons rencontré Bruno (Cadoret) qui a créé l’Association des Cousins fringants. Les gens des Cousins ont beaucoup contribué à notre essor en Europe grâce aux ramifications qu’ils possédaient partout sur le Vieux Continent.»
RR : Au-delà des habituelles poignées de main avec les fans après les spectacles, vous avez participé en 2005 à une rencontre dans une brasserie à Bruxelles avec nombre de vos cousins fringants avant un concert. L’avez-vous fait ailleurs en Europe ? Et même au Québec?
JFP : «On se fait un devoir de saluer les fans après les spectacles et dans certaines occasions, comme ce fut le cas en Belgique, on prend part à des activités qui sont en dehors du cadre de nos spectacles. Par exemple, après un concert de week-end à Roberval, nous sommes allés au domicile d’un de nos grands fans pour y visiter une pièce qui nous est dédiée et signer le mur de son salon. Des petites attentions comme ça ne font que plaisir aux gens. Par contre, on ne peut tout accepter et parfois nous devons refuser des demandes.»
RR : Cette association vise à promouvoir la culture québécoise en Europe francophone. Hormis vous, est-ce que d’autres groupes ou artistes québécois ont bénéficié de leur soutien?
JFP : « Ils ont étendu leur mandat original – qui visait à promouvoir notre carrière – à tous les artistes québécois qui se produisent en Europe. Chaque fois qu’un Québécois débarque pour un concert, les Cousins en sont informés et l’organisation se met en branle. Ce sont des gens amoureux de culture en général et du Québec.»
RR : Quelle différence existe-t-il entre vos fans de France, de Belgique, de Suisse et du Québec, si ce ne sont que des variantes similaires à ce que l’on peut observer entre les fans d’une grande métropole et ceux de villes situées en région ?
JFP : « Il n’y a pas beaucoup de différence. Nos fans sont très exubérants des deux côtés de l’Atlantique. Par contre, il existe une fébrilité un peu spéciale en Europe que je mettrais sur le compte de « l’effet de rareté ». Comme on est moins présents en Europe qu’au Québec – où l’on fait un peu partie des meubles – chacune de nos tournées revêt jusqu’à ce jour un caractère événementiel. Et c’est normal quand on se rend compte qu’on tourne environ 11 mois par année au Québec. Ça ne leur laisse qu’un petit mois !
«Ce qu’il y a de vraiment différent, c’est qu’on fait de plus grosses salles en Europe. Le bassin de population est dix fois supérieur à celui du Québec, alors ça fait beaucoup de Français au mètre carré ! Il est donc très galvanisant de jouer dans des Zénith situés dans des villes où l’on ne soupçonne pas qu’un chat puisse nous connaître. Reste qu’en bout de ligne, on est très privilégiés de pouvoir jouir de ce succès, tant au Québec qu’en Europe.
RR : Il y a quelques jours, vous arriviez dans le top 15 des meilleures ventes de billets en France devant Sardou, Bénabar et les Red Hot Chilli Peppers. Ce n’est pas rien. Commentaires ?
JFP : « Nous sommes assez impressionnés, surtout quand on voit les noms qui figurent sur cette liste de concerts. En regard de notre parcours européen asymétrique qui s’est fait sans l’appui des radios commerciales, des télévisions, et par de courtes mais ponctuelles présences, on éprouve une belle fierté. C’est une preuve vibrante que l’on peut faire les choses à notre façon, sans passer par le modèle traditionnel.»
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Les Cowboys fringants à L’Olympia les 6, 7 et 13 février.
Rentrée montréalaise à La Tulipe, les 1er et 2 mars