PARIS – « Une autre ! Une autre ! Une autre ! » Cette façon tout à fait française de demander des rappels est un classique en son genre. Et d’entendre le public parisien hurler sa joie aux Coboy fringants lundi soir, était l’une des nombreuses variantes en regard des spectacles vus au Québec au cours des ans.

Par Philippe Rezzonico

En passant, il n’y a pas de coquille dans le premier paragraphe : Coboy, c’est voulu. Les Français ne prononcent pas Cowboys (Kaw-boys) à l’anglaise, mais bien à la française (Co-boy). Cela noté, à ceux qui doutent encore que la bande de québécois n’est qu’un phénomène de curiosité en Europe, on vous confirme que le doute n’est pas permis.

Oui, les Cowboys fringants ont une base de fans aussi enthousiaste, festive et fidèle que celle du Québec. Oui, les Français chantent les paroles des classiques du groupe avec autant d’entrain que ceux du Québec, mais ce n’est pas ça le plus renversant.

Entendre les quelque 2200 personnes massées comme des sardines dans L’Olympia chanter les refrains de La Manifestation et Toune d’automne avec un accent français, Made In France, gros comme ça, c’était jubilatoire. Québécois de souche qui lisez ceci, chantez : « Anyway chu content que tu r’viennes/T’arrives en mme temps qu’l’automne… » avec un fort accent français. Nous étions bien sur le Vieux Continent.

Tir groupé des Cousins

Autre signe évident que nous étions dans l’Hexagone : la présence d’une marée de Cousins fringants, ce groupe de fans organisé comme pas un qui confectionne ses proches t-shirts de tournée. Lundi, on en voyait des dizaines de couleurs différentes avec la mention : Tournée 2012 : Les Cousins fringants dans le vent, référence au nouveau disque, Que du vent.

Pourtant, Karl Tremblay s’adresse à la foule comme il le fait au Québec : avec notre gros accent local. Et, visiblement, tout le monde le comprend, comme on l’a constaté quand il a fait la mise en contexte de Shooters qui est liée au déménagement brutal de l’usine Électrolux chez nous au Québec.

Finalement, l’un des facteurs les plus évidents que nous ne sommes pas dans La Belle Province, sont les réactions de la foule aux diverses chansons. Les Cowboys ont donné leur premier spectacle en Europe en 2004, du temps de La Grande-Messe et il ont mis les pieds une première fois à L’Olympia en 2009, après la parution de L’Expédition.

Ce sont donc les désormais classiques de ces albums qui, spontanément, incitent les fans d’Europe à manifester le plus. Ti-Cul (furieuse), Droit devant (en ouverture de la deuxième partie) et Les Étoiles filantes (colorée de presque autant de briquets que de cellulaires, autre preuve que nous sommes en Europe) ont particulièrement fait mouche.

La Grand-Messe avant Break Syndical

Les socialement engagées Plus rien et 8 Secondes touchent visiblement une corde plus sensible chez les Européens que la politisée En Berne, qui est une hymne chez nous. Peut-être est-ce une notion de culture, peut-être est-ce tout simplement parce que les titres de Break Syndical ont été découverts par nombre de Français sur le tard.

Cela ne veut pas dire que les Français ne connaissent pas leurs classiques. Lorsque Karl a pris les demandes spéciales au rappel, Élisabeth, la jeune femme venue de Luxeuil-les-bains placée près de moi a hurlé Gaétanne. On a entendu des demandes pour Marcel Galarneau, Titi Tancrède, mais c’est Le gars d’la compagnie qui a gagné.

Il y a par contre nombre de choses qui sont similaires à ce que l’on voit au Québec, à commencer par ce parterre en folie, déjanté, où les fans se rentrent dedans avec entrain, mais sans jamais surfer sur la foule. Les Cowboys ont mis toute la gomme, Marie-Annick Lépine et Jean-François Pauzé étant particulièrement en feu.

Et lorsque l’autre guitariste ajouté, Simon Landry, ne joue pas de son instrument, il devient un véritable animateur de foule avec son tambourin. Quant à Jérôme Dupras, il est vraiment devenu le personnage le plus coloré du groupe depuis le départ de Dom Lebeau.

Vêtu en robe et souvent masqué par une cagoule qui évoque le tueur du film Scream, le sympathique bassiste a distribué de la bière aux fans en descendant dans la fosse et il a interprété en première mondiale La chatte de ma sœur, chanson complètement absurde qui a eu un effet bœuf. Du grand délire.

La surchauffe

Cela a mené à des tableaux festifs à outrance. Durant Si la vie vous intéresse, Marie-Annick a tiré les marrons du feu. Lors du Shack à Hector, les Cowboys ont lancé des dizaines de gazous dans la foule et au balcon. On se pensait à Saint-Lazarre. Pas à Paris.

Et les Cowboys ont égalé la puissance de feu de Djeunnnnyyyyyy !!! en offrant une série de rappels incendiaires : Joyeux Calvaire !, Awitkatchikaën et le Reel des Aristocrates en séquence, ce fut rien de moins que monstrueux et ça a eu raison des dernières résistances d’une poignée de spectateurs au balcon.

Et comme chez nous, les Cowboys permettent à leurs fans de venir les rejoindre sur scène. Tant qu’il y aura de l’amour a vu la venue sur les planches de trois gars et d’une fille, l’un des mecs tenant lui-même la basse de Jérôme. Les Cowboys ont même permis à ces fans de saluer L’Olympia en surchauffe.

Le dernier tour de piste au terme de près de trente chansons fut celui de L’hiver approche, conclue en duo par Marie-Annick et Jean-François. Alors que la France se plaint avec raison d’un hiver aux mercures similaires au nôtre, c’était un clin d’œil parfaitement justifié.

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La sélection

Première partie

1 – Paris-Montréal

2 – La Manifestation

3 – La Reine

4 – Télé

5 – L’Horloge

6 – Histoire de pêche

7 – La Catherine

8 – On tient le coup

9 – Une autre journée qui se lève

10 – Si la vie vous intéresse

11 – Plus rien

Deuxième partie

12 – Droit devant

13 – Ti-Cul

14 – Has Been

15 – La Marilou s’en fout

16 – La chatte de ma sœur

17 – Entre deux taxis

18 – En berne

19 – 8 secondes

20 – Les Étoiles filantes

Premier rappel

21 – Joyeux calvaire !

22 – Awitkatchikaën

23 – Reel des Aristocrates

24 – Awitkatchikaën  (prise II)

25 – Le Shack à Hector

26 – Le gars d’la compagnie

27 – Toune d’automne

28 – Tant qu’il y aura de l’amour

Deuxième rappel

29 – L’hiver approche