L’improbable retour de Chalk Circle

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Est-ce possible pour des artistes de retrouver sur scène le même plaisir qu’à l’adolescence ? Chris Tait est prêt à vous le jurer sur une caisse de bibles. Et c’est d’ailleurs l’unique raison pour laquelle Chalk Circle sera sur la scène du théâtre Corona samedi soir.

Par Philippe Rezzonico

Chalk Circle ? Comme le chante Aznavour, je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Je dirais même les moins de 30 ans, puisque le groupe canadien qui a connu un sommet de popularité dans la deuxième portion des années 1980 avait mis un terme à ses activités en 1990.

Chalk Circle sera pourtant dans une salle de spectacle montréalaise en fin de semaine, dans la ville où le groupe avait mis un terme à ses activités il y a plus de deux décennies.

«C’est tout à fait indiqué que l’on joue à Montréal, puisque c’est au Club Soda qu’on avait plié bagage, note le chanteur et guitariste Chris Tait, joint à Toronto. En toute honnêteté pour mes collègues, je devrais plutôt dire que c’est à ce moment que j’avais annoncé mon départ du groupe, tout de suite après le spectacle. C’était d’autant plus décevant pour eux que ça avait été un très bon show.»

Il aura fallu plus de15 ans avant que Tait, le bassiste Brad Hopkins et le batteur Derrick Murphy se réunissent, cette fois, en 2006.

«Universal nous avait convié à nous réunir pour les besoins d’une compilation de grands succès. On avait accepté et fait un seul et unique spectacle à Toronto.»

Les retrouvailles d’un soir n’avaient pas eu de suite. N’empêche, les boys avaient bien aimé se retrouver. C’est probablement la raison pour laquelle ils ont accepté une autre offre du genre il y a quelques mois.

«Les gars de Blue Peter (ndlr : un autre canadien dont la naissance remonte à la fin des années 1970) nous ont approchés pour faire un spectacle collectif. Jason (Sniderman), qui joue avec eux, est un ami depuis des décennies. Il a figuré parmi les musiciens invités de nos albums. Et c’est à ce moment que l’organisation des Junos nous a approchés en vue des célébrations du 40e anniversaire des remises qui ont eu lieu le printemps dernier. Mettons que ça tombait bien.»

Un vrai retour

De fil en aiguille, Tait, Hopkins et Murphy se sont dit que l’année 2011 n’allait pas être celle d’une seule performance. Mais ça impliquait aussi de se mettre sérieusement au travail. On ne parlait plus d’interpréter que deux ou trois chansons pour un événement spécifique.

«Il y a eu un choc, admet Tait. Quand tu te mets à (ré) apprendre des chansons que tu as toi-même composées, c’est pathétique (rires). D’un côté, c’était comme de remettre de vieilles pantoufles. De l’autre, il fallait retrouver les repères. Mais c’est un véritable plaisir. J’ai vraiment l’impression que nous sommes en train de revivre notre adolescence, quand on jouait ensemble à l’école secondaire. On joue avec le même plaisir et le même abandon. Peut-être parce qu’il n’y a pas de compagnie de disques dans le portrait qui veut telle ou telle chose. Peut-être parce qu’il n’y a aucune attente.»

– Pas de projets de tournée prolongée ? De retour sur disque ? Vous ne seriez pas les premiers. Men Without Hats a repris du service. Too Many Cooks aussi.

«Ce n’est pas exclu, mais au moment où l’on se parle, il n’y a que le spectacle de Montréal à l’agenda. On a tous vécu autre chose pendant des années. Nous avons des familles, des emplois. Je travaille pour une firme spécialisée qui fait de la musique de génériques.

«Si ça devient autre chose que de recevoir une invitation à se produire – comme c’est le cas à Montréal – , il va falloir que je puisse m’impliquer à 150 pour cent. Ça impliquerait forcément de modifier mon mode de vie actuel. Je ne sais pas…»

Mais l’ivresse de la scène semble contagieuse.

«Ce fut vraiment spécial de renouer, de voir des visages que l’on avait pas vu depuis des années, de rencontrer des gens qui nous avaient vus dans les années 1980, mais d’autres qui ne nous avaient jamais vus. On essaie de faire de notre mieux. Brad, ça va… Il a la même tête qu’il y a 20 ans. Moi, pas vraiment…

«Au plan musical, je dirais que l’on est plus « rentre-dedans » qu’avant, mais on ne tente pas de tout bouleverser. Je dirais que l’on joue les chansons dans une forme très proche de ce qu’on faisait dans le temps. »

Entendre April Fool, Me, Myself & I, This Mourning, Empty Park et 20th Century Boy comme on les a entendues au Spectrum dans les années 1980. Mmm… Ça va être mon rendez-vous du samedi soir.