Grosse tempête dans le cyberespace, mardi, lorsque Karkwa, par l’entremise de Louis-Jean Cormier, a décidé d’expliquer – lire ici, de justifier – sur sa page Facebook les raisons pour lesquelles le groupe a décidé de céder les droits de la chanson Le Pyromane pour des fins d’utilisation dans une pub télé de Coke. Louis-Jean, t’aurais pas dû….
Par Philippe Rezzonico
T’aurais pas dû, parce que cette chanson, cette œuvre, n’appartient qu’à toi et à tes collègues, vous, les créateurs. C’est comme si on reprochait à un peintre de vendre ses tableaux.
T’aurais pas dû, parce que bien des gens qui ont décrié votre position sont peut-être parmi ceux qui n’achètent pas la musique. Qui la piquent illégalement sur le web. La vôtre, notamment.
T’aurais pas dû, parce que plusieurs personnes qui vous clouent au pilori ne vous connaissaient pas du temps de vos premiers disques et ne vous ont pas vus sur scène devant une poignée de personnes comme ce fut le cas pour certains d’entre nous. Votre réussite, vous ne l’avez pas volée.
T’aurais pas dû, parce que c’est faire preuve d’une méconnaissance totale de la réalité vécue par les artistes indépendants dans l’industrie de la musique au Québec que de reprocher à ces mêmes artistes d’essayer de rentabiliser leur art d’une façon ou d’une autre.
T’aurais pas dû, parce qu’il y a plein d’artistes qui l’ont fait avant vous. Tu en nommes plusieurs sur ton message Facebook. Je n’en nommerai qu’un : Dylan. Si la voix du protest song de l’Amérique des années soixante a pu le faire, tout le monde peut le faire.
T’aurais pas dû, parce que des tas d’artistes qui revendiquent des positions sociales et bla-bla-bla voient leur tournées mondiales commanditées par des corporations.
Et, finalement, t’aurais pas dû, parce qu’on ne va quand même pas empêcher les gens de gagner leur vie, bordel!
Non, Louis-Jean, t’aurais pas dû te justifier. Mais en le faisant, tu auras démontré ta classe habituelle et assuré qu’on aura droit à un autre album de Karkwa dans un avenir rapproché.
Les fans de Karkwa et tous ceux qui ont à cœur la musique francophone québécoise ne devraient que s’en réjouir.