Montréal en lumière: les variétés extra de Pierre Lapointe

L'univers Punkt revisité de Pierre Lapointe. Photo courtoisie Montréal en lumière/Frédérique Ménard-Aubin.

Un an après le lancement de Punkt sur la scène du théâtre Maisonneuve, Pierre Lapointe, le « chanteur populaire bionique », celui qui est le « sexe incarné », partisan du « titillement érotique » et du « gang bang de tendresse », est venu démontrer à quel point un an de tournée au Québec et en Europe a modifié cette prestation qui fut peut-être la plus jouissive de sa carrière. Assurément de son point de vue, pouvons-nous ajouter.

Par Philippe Rezzonico

En 2013, Lapointe, un brin stressé, était venu livrer toutes les compositions de Punkt avec 34 musiciens au festival Montréal en lumière. Un exercice audacieux et téméraire, dont la finalité n’avait pu être à la hauteur de cette nouvelle galette inspirée par la culture pop.

Mardi, Lapointe, libéré de cette pression qu’il s’était mis sur les épaules et déchaîné dans le propos, nous a offert essentiellement les mêmes chansons – et quelques nouveaux titres de l’EP Les Callas -, cette fois, avec une prestation resserrée au possible qui empruntait dangereusement aux variétés. Variétés comme dans: show diversifié à souhait, changements d’ambiances, variantes de genre, le tout, doublé d’un humour ravageur.

Ce n’est pas d’hier que Lapointe balance, pince-sans-rire, des commentaires baveux, pédants et prétentieux aux spectateurs, à ce « peuple », à ces « gens ordinaires » qui viennent le voir, lui qui a été visité par Dieu. Rien de moins… Cette fois, il s’est surpassé au point que certaines de ses introductions étaient des monologues dignes des meilleurs numéros d’humour.

Il parait même qu’il y avait une certaine Stéphanie avec des substances illicites en arrière-scène. « Vous pensiez que c’était juste l’autre Lapointe qui faisait ça? » a-t-il lancé. Impayable, ce cher Pierre.

La manière Lapointe

Ça cadrait vachement  bien avec ce spectacle qui, comme le disque Punkt, allait dans tous les sens. Fidèle à sa manière, Lapointe, offrait – déjà – des relectures de chansons vielles de moins d’un an ou de quelques-uns de ces classiques.

Hormis ses spectacles seul au piano, je ne me souviens pas d’avoir vu si peu de musiciens à ses côtés. Uniquement Denis Faucher (piano-claviers), Félix Dyotte (guitare), Amélie Mandeville (basse) et l’ex-Malajube Francis Mineau (batterie) formaient le groupe de base.

Lapointe avec ses « pantalons ridicules », genre Elvis 1957. Photo courtoisie Montréal en lumière/Frédérique Ménard-Aubin.

Débarrassée de ses cuivres, Nu devant moi n’était rien de moins que transformée. Le Columbarium était ornée de nouveaux arrangements. Tel un seul homme, ainsi que les récentes La sexualité et L’étrange route des amoureux, ont eu droit au traitement folk minimaliste de base : Lapointe en bivouac avec quatre guitares acoustiques. On croyait voir Rivard, Vallières, ou Louis-Jean Cormier.

Interprétée avec un Lapointe de profil à la salle qui baignait dans un faisceau de lumière et des lumières stroboscopiques, Barbara a fait vibrer. Le chanteur a maintenu la même intensité avec l’exceptionnel doublé formé de Vous et du Lion imberbe, mais il a su équilibrer sa face sombre avec les ultra-pop N2o, Plus vite que ton corps et les désormais classiques que sont Au bar des suicidés et Deux par deux rassemblés, éclatants, livrés en fin de programme.

Les invités

Histoire d’appuyer un peu plus sur le thème de la sexualité, il a repris la chanson du même nom au rappel, cette fois, avec les membres de Random Recipe. Il ne s’agissait pas des seuls invités. Le guitariste Michel Robidoux, complice de Charlebois et de Ferland dans les années 1960 et 1970, est venu partager Les enfants du diable, pour laquelle il a écrit la musique. Lapointe était visiblement ému.

Un spectacle de Lapointe sans Philippe B., ça aurait été curieux. Il s’est donc pointé au rappel avec Ariane Moffatt qui a interprété avec son ami Pierre Les Callas, un titre charpenté le plus souvent en canon.

Qu’est-ce que Lapointe pouvait faire d’autre, sinon conclure ce spectacle de deux heures avec la « plus belle chanson de cul » de Ferré? Ce fut donc, C’est extra, livrée piano-voix. Une finale géante pour un spectacle de variétés vraiment extra.