Les Trois Accords aiment votre grand-mère. Ou celle de quelqu’un d’autre… Ils le disent et le chantent. Mais l’inverse est tout aussi vrai : les grands-mamans, les parents, les ados et les bambins aiment Les Trois Accords.
Par Philippe Rezzonico
À vrai dire, on a vu une foule qui résumait pratiquement le slogan « de 7 à 77 ans » du défunt journal Tintin, vendredi soir, lors du deuxième de trois spectacles offerts par le groupe de Drummondville au National.
Cette foule à la fois familiale, adolescente et bon enfant confirmait comme s’il le fallait à quel point le groupe de Simon Proulx a réussi à maintenir une réelle cote d’amour auprès d’un large public après quatre disques studios et une décennie d’activité bien fournie.
Cette longévité que l’on n’attendait pas nécessairement après le coup de départ canon de Gros Mammouth Album en 2003 rend le groupe bien plus plaisant à voir jouer sur scène en raison de la désormais profondeur de son répertoire.
Et le répertoire de J’aime ta grand-mère, paru en 2012, est déjà connu, appris et assimilé par les fans du groupe. Les Trois Accords ont beau avoir mis environ six mois avant de s’offrir leur rentrée montréalaise en trois temps, on ne voyait aucun clivage entre les classiques (Hawaïenne, Saskatchewan, Grand champion) et les titres récents.
Il faut dire qu’il y en a de bonnes, de chansons, sur J’aime ta grand-mère. Des chansons aux refrains fédérateurs dotées de riffs béton et de mélodies imparables. C’est peut-être bien ce dernier élément qui était le plus frappant à l’écoute de Bamboula, Sur le bord du lac (quand Alexandre Parr s’est substitué à Renée Martel qui chante en duo sur la version studio) et Les amoureux qui s’aiment, qui a été applaudie comme un monument. Personne ne peut résister à une mélodie digne de la crème de la crème des années 1950 ou 1960 comme celle de cette dernière chanson.
Ce qui n’empêche pas Les Trois Accords de nous offrir de nouvelles tranches de vie décalées et absurdes comme celles de Retour à l’institut (jam percussif endiablé au rappel!) et Son visage était parfait. Il n’y a que ce groupe qui peut écrire une chanson où quelqu’un tombe en amour avec la préposée qui fait la bouffe dans une cafétéria d’école.
Mais une décennie de métier, la présence de scène de Proulx avec ses histoires loufoques et un efficace jeu de lumières ont canalisé le meilleur des chansons pour un public qui recevait ce spectacle comme s’il s’agissait de l’arrivée de l’été. Ce qui n’était pas loin d’être vrai dans cette potentielle fournaise qu’est le National.
Pas de strip-tease d’un culturiste durant Tout nu sur la plage comme le soir de la première (désolé, nous étions à la première de Sainte-Carmen de la Main) et pas de grand-mère sur scène pour la livraison de J’aime ta grand-mère, comme ce fut le cas jeudi soir. Les deux chansons ont néanmoins tenu la route toutes seules, comme des grandes.
Et ça sera encore le cas samedi soir pour le troisième service. Et, qui sait, peut-être bien aussi pour une autre décennie.