Il y a 50 ans ce week-end, l’Amérique perdait son innocence avec l’assassinat de son président, John Fitzgerald Kennedy. Ironiquement, à la même période, l’Angleterre amorçait les premières années d’une période musicale faste qui allait voir déferler les Beatles, les Rolling Stones, The Who et autres porte-étendards de l’invasion britannique sur notre continent.
Par Philippe Rezzonico
« On Air – Live at the BBC Volume 2 », reflète à merveille les débuts de la Beatlemania qui allait conquérir le monde. Paru près de vingt ans après son prédécesseur, « Live at the BBC » (1994), ce nouveau volet est aussi charmeur que le précédent.
Une partie du plaisir tient à l’écoute de chansons jamais enregistrées par les Beatles pour aucun des albums studio de EMI : Lucille (Little Richard), I’m Talking About You et Memphis Tennessee (Chuck Berry), Lend Me Your Comb, Sure To Fall (In Love with You) et Glad All Over (Carl Perkins), The Hippy Hippy Shake (Chan Romero), Beautiful Dreamer (Al Jolson), I Got A Woman (Ray Charles) et Happy Birthday Dear Saturday Club, dans une version offerte pour célébrer le 5e anniversaire du Saturday Club, l’émission radiophonique à laquelle participait le Fab Four.
Certaines de ces chansons ont été gravées sous d’autres versions sur le « Live at the BBC » et le premier volume de l’Anthology de 1994, mais I’m Talking About You et Beautiful Dreamer sont diffusées ici pour une toute première fois, cinq décennies après leur enregistrement. La BBC a visiblement des voutes dans fond.
Entrecoupé d’un plus grand nombre d’interventions, de commentaires et d’entretiens, ce nouveau volet qui couvre les années 1963 et 1964 nous fait plonger plus intensément dans l’ambiance qui régnait lors de ces passages des Beatles dans les studios de l’institution britannique.
Le formidable boni se veut les entrevues individuelles avec John, Paul, George et Ringo. Celles de John et George ont été faites par Brian Matthew le 30 novembre 1965, trois jours avant la parution de Rubber Soul. Celles avec Paul et Ringo ont été mises en boîte cinq mois plus tard, alors que les Beatles étaient en train d’enregistrer les compositions de Revolver.
Il est étonnant d’entendre Lennon défendre son apparent je-m’en-foustisme, de décrire en détail sa nouvelle résidence et il est proprement renversant de l’entendre parler de sa relation avec sa Rolls Royce et du « passeport » qu’elle représente. C’est bien le même type qui allait créer Imagine?
Mais ce qui demeure inchangé en regard du premier disque double de 1994, c’est que ces chansons exultent 50 ans après leur enregistrement cette même exubérance de jeunesse et ce plaisir contagieux décuplé par les harmonies de John et Paul.
Il est toujours impossible de ne pas fredonner la mélodie de Words of Love et This Boy, d’être séduit par Till There Was You et P.S. I Love You, ou de chanter à tu tête Please Please Me, She Loves Me, I Saw Her Standing There, Please Mr. Postman ou Long Tall Sally. C’est cru, juvénile, parfois brouillon, mais toujours totalement jouissif.
Paul McCartney résume bien le temps présent dans l’introduction au disque qu’il a signée le 4 juillet dernier, en expliquant que certains choix de chansons pour les sessions de la BBC étaient directement tributaires des découvertes musicales que faisaient les jeunes Beatles, des vrais boulimiques de musiques.
Écoutez ça pour chasser la grisaille de novembre. Résultat garanti.