
Des adolescentes qui hurlent à la vue de leurs vedettes: des années 1950 au XXIe siècle, une même réalité universelle. Photo courtoisie MusiquePlus.
Folie furieuse. Délire. Hystérie. Les superlatifs étaient à l’ordre du jour, mardi, quand les jeunes membres du groupe européen One Direction ont généré une réelle frénésie à l’intérieur des locaux de MusiquePlus ainsi qu’à l’intersection des rues Sainte-Catherine et Bleury noyée par quelque 3000 fans, majoritairement des adolescentes.
Par Philippe Rezzonico
Normal qu’un tel mouvement de foule ait eu droit à tant de couverture médiatique, anciens et nouveaux médias confondus, même si ces filles étaient là pour crier leur joie plutôt que pour revendiquer comme ces dernières semaines. Mais si One Direction appartient aux jeunes générations de cette deuxième décennie du XXIe siècle, ce groupe n’est que la plus récente manifestation du phénomène des Teen idols qui existe depuis bientôt 60 ans. Rien de plus. Rien de moins.
En 1955, c’était Frankie Lymon et ses Teenagers avec Why Do Fools Fall In Love. Le chanteur âgé de seulement 13 ans et ses copains guère plus vieux de lui s’offraient des tournées avec les « grands » comme Little Richard dès 1956.
En 1963, il y avait Little Stevie Wonder, consacré prodige à l’âge de 13 ans. La même année, c’était Little Peggy Marsh qui trônait au sommet des palmarès à 15 ans avec I Will Follow Him.
En 1969, c’était les Jackson 5 et le jeune Michael qui avait 11 ans. La genèse des Boys Band à venir est survenue cette année-là. Puis, il y a eu les New Kids On the Block, Take That, S Club 7, les Backstreet Boys, les Spice Girls, ’N Sync, 98 Degrees, Britney, les Hanson (pas ceux du hockey) et plus récemment les Jonas Brothers qui se sont succédés. One Direction a vu le jour à l’ère des réseaux sociaux ? Pas nouveau. Justin Bieber aussi.
Toutes ces jeunes vedettes ont été un jour ou l’autre la saveur du mois, les rois ou reines des palmarès et ont provoqué des manifestations de foules – lire des jeunes filles – qui ont pu rivaliser, ici et là, avec la grande époque du Fab Four.

La nouvelle sensation de l'heure: One Direction. Pour combien de temps? Photo courtoisie MusiquePlus.
Certains, comme Michael et Stevie ont eu des carrières légendaires. D’autres ont atteint le statut de vedettes planétaires auprès avoir su s’imposer hors du groupe qui les a fait connaître, comme Justin Timberlake et Robbie Williams. Certaines, comme Britney, ont survécu aux coups durs et aux excès. D’autres, enfin, ont déjà disparu ou le feront sous peu. C’est la loi impitoyable de ce vedettariat instantané.
Que Niall, Liam, Zayn, Harry et Louis en profitent. Leur engouement ne fait que commencer, mais on se sait pas combien de temps ça va durer. Peut-être y a-t-il un Justin parmi eux qui poursuivra sa carrière musicale dans une dizaine d’années, à l’âge adulte.
Et que toutes ces jeunes filles et adolescentes en profitent aussi. Ce nouveau groupe, c’est le leur. Chaque génération a eu le sien. Elles auront bien le temps de rire de leur engouement d’adolescentes quand elles seront adultes, ou de pavoiser si l’un des ados de One Direction devient le Robbie de son époque.
Cela dit, malgré le succès éclatant provoqué par le passage de One Direction à Montréal mardi, les jeunes anglais et irlandais viennent cette semaine au deuxième rang des vedettes du web, sauf dans le cœur de leurs jeunes admiratrices.
Preuve que le passé est toujours garant du présent, ce n’est pas une chanson de One Direction comme What Makes You Beautiful qui est le succès viral de l’heure dans le cyberespace, mais un titré oublié de la période yé-yé française des années 1960 nommée Zou bisou bisou, interprété par Jessica Paré dans la série télévisée Mad Men.
L’éternel recommencement…