Queen Extravaganza : band de reprises dynamité

François-Olivier Doyon, Marc Martel, Brian Gresh, Tristan Avakian et Tyler Warren. Photo courtoisie evenko.

Depuis que l’on concocte des spectacles qui visent à honorer la mémoire d’artistes décédés ou de faire vivre l’œuvre de groupes disparus, il existe quelques approches qui ont fait leurs preuves. Queen Extravaganza, présenté dimanche au théatre St-Denis, a choisi une autre voie. Et ce que cela apporte rayon efficacité se fait au détriment de l’illusion requise pour ce genre de production.

Par Philippe Rezzonico

Faudra un jour m’expliquer pourquoi tu utilises quatre chanteurs dans un spectacle de Queen alors que tu as le meilleur disponible sous la main, à savoir, Marc Martel, qui chante avec un timbre, une puissance et une élasticité dans la voix qui s’approchent à si méprendre de Freddie Mercury.

Quand on allait voir Elvis Story, Martin Fontaine avait une voix qui s’approchait à 90 pour cent de celle d’Elvis. Idem pour les groupes hommages aux Beatles. On s’arrange pour être le plus fidèle possible. Et c’est encore plus vrai avec The Musical Box, où le chanteur chante avec une voix que Peter Gabriel n’a plus. Et c’est le cas de Martel pour Freddie.

Bref, pourquoi se farcir un show où Jeff Scott Soto – véritable pastiche de Chris Cornell période Soundgarden 1994 – et Yvan Pedneault nous interprètent séparément ou ensemble Tie Your Mother Down, Now I’m Here, I Want It All, Bicycle Race, Dragon Attack et It’s A Kind of Magic sans qu’on y croie une seconde ?

Le seul moment où Soto était à sa place, c’est quand il a chanté la portion de Bowie avec Martel pour Under Pressure, très réussie. Quand à Pedneault, il a certaines inflexions de Mercury dans les portions lentes, mais tout juste. Entendons-nous, les deux messieurs savent très chanter. Mais si tu chantes Freddie, il faut que ça sonne comme Freddie. Et quand tu n’as pas le timbre, l’illusion n’y est tout simplement pas.

Curieusement, le bat blessait moins quand c’était Jennifer Espinoza qui reprenait March of the Black Queen, Who Wants To Live Forever et même Another One Bites The Dust, en duo. Interprétées par une femme, les chansons ne prêtaient plus flanc au jeu de la comparaison.

Production ?

Deuxio, faudra aussi m’expliquer pourquoi dans un spectacle encadré, sanctionné et mis sur pied par le batteur de Queen, Roger Talyor, avait-on si peu de matériel multimédia portant sur Queen.

On a vu les images en contre-jour des originaux durant Bohemian Rapshody (formidable), du visuel du légendaire show de Wembley en 1986 lors de One Vision et quelques images ou clips d’antan pour Under Pressure et Radio Gaga. C’est à peu près tout.. Ce pourrait-il que Talyor ne veuille-t-il pas torpiller sa propre tournée estivale avec Brian May et Adam Lambert dans le rôle de Freddie ? Peut-être.

Bref, c’est Martel qui a sauvé les meubles avec une homérique Bohemian Rapsody, une Killer Queen mordante, une Crazy Little Thing Called Love rockabilly à souhait. Martel, ainsi que les guitaristes Brian Gresh – le gaucher qui a fait un salto arrière durant un solo – et Tristan Avakian qui ont très bien servi l’héritage de Brian May.

Explosif

Si Taylor a volontairement décidé de ne pas jouer la carte du mimétisme et du pastiche dans sa production, il a tout misé sur la puissance de frappe et la musique. Et ça, ça s’avère payant. Effets de lumières éblouissants (ça prenait des lunettes solaires durant Save Me), son tonitruant : on se pensait vraiment à un show rock plutôt qu’à une reproduction.

Ça se mesurait dans la salle, où un public familial qui venait applaudir ses favoris québécois (Martel, Pednault et François-Olivier Doyon à la basse) chantait à plein poumons les hymnes fédérateurs, dansait sans cesse, bref, vivait le show plutôt que d’assister placidement à une reproduction. Somebody To Love, We Will Rock You et We Are the Champions n’ont pas fait de quartier. Personne ne boudait son plaisir.

C’est néanmoins là que ce creuse l’écart entre ceux qui ont vu Queen de visu avant le départ de Freddie et les autres. Il est important que cette musique vive, puisque de moins en moins entendue, même sur les radios FM de rock classique comme CHOM. Mais quand tu as vu Queen pour vrai, ce genre de spectacle est toujours déficitaire.

Mais bon, à défaut d’être une reproduction scrupuleuse de Queen, Queen Extravaganza offre deux heures de prestation vitaminée de la part d’un solide cover band.